Les années passent et rien n’est venu à la rescousse de l’Algérie et de ses interminables chantiers. Le retard qu’accusent certains secteurs demeure «intact» par le biais des politiques de façade et d’apaisement qui, décidément, hésitent toujours à crever l’abcès.
Faute de travailler et d’avancer, plusieurs secteurs sont coincés par des stratégies obsolètes. Ces plans «appuyés» par une corruption qui gangrène à tout- va ainsi qu’une injustice sociale qui règne malgré toutes les réformes annoncées depuis des années, font du vécu des Algériens des pages semblables et remplies, hier comme aujourd’hui, de problèmes socio-économiques, pourtant ne demandant pas de recettes miraculeuses pour que les Algériens jouissent d’une vie digne de ce nom. La dynamique affichée par le gouvernement depuis l’explosion de la grogne sociale en 2011 s’est inscrite plus dans l’absorption de la colère de la rue et non dans l’amélioration du cadre de vie des citoyens. A commencer donc, par la crise du chômage qui persiste dans sa longue attente d’un vrai marché de travail et d’une économie productive.
N’ayant pas l’audace de retirer les fausses copies, pourtant n’ayant fait preuve d’aucun succès. La création de micro-entreprises à travers les dispositifs Ansej et Cnac est annoncée comme l’astuce phare anti-chômage alors que réellement le marché du travail est trop étroit pour contenir le nombre de chômeurs. Le gouvernement persiste et signe en optant pour ces dispositifs comme la formule la mieux indiquée en la matière. Après avoir décidé la prise en charge à 100% par l’Etat des intérêts sur les crédits bancaires destinés au financement des micro-entreprises et l’exonération de l’IBS, l’Etat a annoncé de nouvelles facilitations au profit de la création de l’emploi. Le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale indique que «ces nouvelles mesures sont prévues pour encourager l’investissement et surtout la micro-activité». Outre la persistance de la crise et la tension sur le marché du travail, les résultats et les bilans de cette politique de l’emploi restent inconnus. Une chose qui n’empêche pas certains économistes de la pointer du doigt et de voir en elle juste un moyen pour acheter la paix sociale et non pour créer de l’emploi.
La crise du logement est par ailleurs, un dossier qui pèse lourd dans le quotidien d’une bonne partie du peuple algériens. Malgré tous les projets réalisés ainsi que les budgets colossaux octroyés pour l’Habitat, la corruption et le piston continuent de détruire les logements des familles les plus prioritaires. Tandis que les relations personnelles sévissent dans la distribution et privent les plus nécessiteux, les prix du logement sont qualifiés d’exorbitants. Cette réalité à l’origine du célibat aujourd’hui et qui entraîne d’autres conflits et fléaux familiaux, fait du logement un luxe et un rêve irréalisable pour bon nombre d’Algériens. La lutte contre l’informel est également un chantier en attente puisque les trabendistes finissent toujours par ressurgir en dépit de l’arsenal de sécurité mobilisé.
D’autres questions sont à poser au sujet de l’impunité qui concerne certains créneaux comme le cas du marché noir de la devise. Les départements de la Santé et des Télécommunications figurent par ailleurs sur la liste des secteurs les plus en retard et qui entraînent beaucoup de dé-sagréments aux Algériens. Outre la longue attente de l’arrivée de la 3G, les hôpitaux algériens s’attendent également à être modernisés pour une meilleure prise en charge et des conditions de soins adéquats et du respect pour les humains.
D’autres blocages et retards demeurent également dans d’autres secteurs et la tenue d’un Conseil des ministres serait mieux placée pour établir les bilans des chantiers et l’état de leur avancement. Hélas, même le Conseil des ministre est un chantier, puisqu’aucune date n’est avancée pour sa tenue, alors que sa récente réunion remonte déjà à presque une année.
Yasmine Ayadi