Emploi : Investisseurs ou employeurs au noir ?

Emploi : Investisseurs ou employeurs au noir ?

Bon nombre d’étrangers, appelés pompeusement investisseurs, alors qu’ils ne sont que de simples commerçants en mercerie, en chaussures, dans la restauration ou dans les bibelots en toc, ont pignon sur rue à Oran.

Certains parmi ces « opérateurs », exercent dans l’opacité la plus totale. L’exemple des puisatiers syriens est là pour nous dire que certains « investisseurs » étrangers se jouent toujours de la loi algérienne. La question qui s’était toujours posée et qui se repose avec plus d’acuité est la suivante: les employeurs exercent-ils en parfaite conformité avec les textes fondamentaux du pays et avec la loi régissant le commerce national ? A en croire la chronique locale, il semble bien que certains parmi eux ne respectent pas les lois en vigueur dans le monde du travail.



A Oran, un peu plus qu’ailleurs, sans doute, ce monde opaque est, régulièrement, passé à la loupe de l’administration algérienne. Cela est surtout vrai pour ces commerces étrangers, chinois, turcs…qui ouvrent un peu partout à travers la ville et dont on dit que parfois, ils n’en font qu’à leur tête. Régulièrement, la Direction du commerce d’Oran, en collaboration avec les services de la sûreté de wilaya, met en branle des opérations de contrôle ciblant des «opérateurs économiques étrangers». Et parfois, des infractions sont relevées parmi lesquelles, l’exercice sans registre de commerce, défaut d’étiquetage, de factures, emplois de personnels sans sécurité sociale… Ces employeurs, nous dit-on à la direction du commerce, qui risquent tout simplement la fermeture, sont sommés, par les contrôleurs, de régulariser leur situation. Des mises en demeure leur sont même adressées, notamment, en ce qui concerne, la présentation du permis de travail autorisant tant l’exercice du commerce que l’emploi des travailleurs algériens ou étrangers. A ces employeurs qui font tourner une main d’œuvre locale ou importée, viennent s’ajouter les entreprises de réalisation dans le bâtiment et autres grands projets dits structurants. Ainsi, l’exemple de ces humbles ouvriers qui disent être employés dans des entreprises étrangères sans aucune couverture sociale ni déclaration, repose dans toute son acuité le problème de l’emploi au noir.

A en croire un manutentionnaire qui a confié son problème à la presse, il était employé dans une entreprise où il ne recevait qu’un minable pécule de quatre cent dinars la journée. Ce n’est pas tant le salaire qui l’a fait sortir de ses gonds, mais plutôt le fait que, déclare-t-il, « mes employeurs ne m’ont jamais remis de fiches de paie ni aucun autre document. J’étais payé cash.

A chaque fin de mois, je recevais une enveloppe contenant mon salaire sans aucun document justifiant que j’y étais employé et encore moins assuré. Si j’exigeais un document, on me désignait la porte de sortie devant laquelle des dizaines de mes semblables faisaient la chaîne à la recherche d’un hypothétique gagne-pain».

ILS FONT COMME CERTAINS PRIVÉS ALGÉRIENS

Cet employeur étranger qui ne fait qu’imiter un grand nombre de ses homologues algériens ne fait que profiter du vide occasionné par la faiblesse des contrôles sur chantier. Comme beaucoup d’autres de sa condition sociale, cet ouvrier se trouve devant cette amère réalité qui veut qu’il accepte son sort ou qu’il laisse la place à d’autres. Bien souvent, les humbles travailleurs sans perspectives sont mis devant le fait accompli pour accepter des conditions de travail injustes et avilissantes. Non déclarés à la sécurité sociale, payés en liquide, ils savent qui le paieront très cher à l’âge de la retraite.

Ainsi, des millions, voire des milliards de centimes, échappent à la Caisse nationale de retraite. En fait, les employeurs étrangers ne font qu’imiter les employeurs privés algériens qui agissent comme dans une jungle et comme s’il n’y avait ni inspection de travail ni services de contrôle.

Au niveau de cette inspection, justement, on nous déclare qu’à chaque fois qu’ils sont saisis par des employés lésés, ils agissent : « Seulement, tout ce que nous pouvons faire c’est essayer de régler les problèmes à l’amiable ou, dans le meilleur des cas, faire des rapports. La suite à donner à ces rapports ne nous incombe pas.

Il y a des services conçus pour cela, tels que les prud’homme ou les tribunaux administratifs. Mais il faut dire, également, que les gens, les humbles pères de famille, surtout, ne viennent pas souvent nous voir. Ils craignent de perdre leur boulot d’autant qu’ils savent qu’ils doivent faire vivre leurs familles et que toutes ces démarches administratives prennent du temps.» Les employeurs, étrangers ou algériens, savent bien cela, c’est pour ça qu’ils ne lèvent pas facilement le pied. » Cela dit, il n’est pas question de jeter l’opprobre sur tout le monde, car il se trouve des commerçants respectueux des textes régissant l’activité commerciale.

– A Oran, un peu plus qu’ailleurs, sans doute, ce monde opaque est, régulièrement, passé à la loupe de l’administration algérienne.

– Les employeurs étrangers ne font qu’imiter les employeurs privés algériens qui agissent comme dans une jungle et comme s’il n’y avait ni inspection de travail ni services de contrôle.