Le spectre de la protestation plane toujours sur les lycées et présage d’un mouvement plus important encore cette année. Les lycéens de Constantine ont donné le la hier et promettent de ne plus rejoindre les classes si les responsables du secteur de l’éducation ne prennent pas leurs doléances au sérieux.
Un mouvement spontané et pacifique qui fut muselé vers midi par la police, laquelle opéré à coups de matraque et a procédé à l’arrestation de deux lycéens pour faire disperser la foule en marche à travers les artères du centre-ville. Les élèves de terminale ont, en effet, séché les cours à la faveur d’un mouvement de protestation qui a touché, dès 8 h du matin, plusieurs lycées, du centre-ville notamment.
Si les pensionnaires des lycées Ibn Badis et Ibn Taymia sont restés devant leurs lycées respectifs, ceux venant de Zouaghi et des autres banlieues de la ville ont préféré marcher jusqu’au centre-ville où ils se sont associés à leurs camarades des lycées Youghorta et El Houria. Ces lycéens ont surtout décrié les emplois du temps, trop chargés à leurs yeux, ne leur permettant pas de suivre les cours.
Pis encore, ajoutera un protestataire, la plupart des lycées ne disposent pas de demi-pensions, ce qui ne facilitent pas l’affaire à ceux qui habitent un peu loin de leurs domiciles. «Et puis, même en dehors de notre lycée (Lycée de Zouaghi, Ndlr), situé dans un endroit isolé, aucun restaurant dans les parages pour nous fournir sandwichs ou autres subsistances », regrettera un autre lycéen.
Ils affirmeront, toutes filières confondues, qu’ils sont soumis à un régime quotidien de neuf heures presque sans arrêt, de 8 h du matin jusqu’à 17 h ponctué d’une pause de midi à 13 h. Une durée «insuffisante », selon leurs dires, d’autant que «les surveillants ferment les portes des lycées à 12 h 45, ce qui ne leur permet pas, pour autant, de reprendre leur souffle». Autre «couac», estiment- ils, les matières fondamentales sont dispensées, pour la plupart des groupes scolaires, dans l’après-midi, à l’heure, expliquent-ils, où leurs niveaux de perception baissent considérablement. Hier vers midi, les élèves de Youghourta ont regagné leur lycée mais pour donner une autre forme à leur protestation.
Le lycée, qui a été interdit d’accès à toute personne étrangère et aux journalistes, a vu les élèves se regrouper dans la cour et scander des slogans allant dans le sens de leurs revendications. Ceux venant des banlieues se sont dispersés dans les artères du centre-ville. Les deux lycéens arrêtés ont été, eux, maintenus au commissariat central.