30 % des femmes universitaires sont chômeuses. C’est un chiffre qui interpelle et qui est assez significatif. En effet et contrairement à ce que l’on pourrait penser, la femme algérienne souffre toujours de discrimination dans le marché de l’emploi. D’où l’appel de spécialistes du domaine, à agir pour changer la donne.
L’absence d’outils d’analyse, d’une vision claire, la discrimination et le manque de données précises fait que le marché du travail des femmes reste à la traîne, a encore ajouté, Mohamed Saïb Musette, directeur du CREAD. Ce dernier recommande la mise en place d’un dispositif exclusivement pour les femmes, «quitte à faire de la discrimination positive», déplorant «l’insuffisance de l’information» en marge de la signature d’une convention de la recherche entre le CREAD et le Centre national d’étude, d’information et de documentation sur la famille, la femme et l’enfance (CNEIDFFE). Selon lui, l’enquête menée par l’ONS ne peut pas donner une vision claire sur le marché du travail des femmes. «Tout ce qui se fait aujourd’hui n’est qu’une photographie, voire une publication.On ne réalise pas des statistiques pour des chiffres, mais il faut une analyse profonde qui doit cibler les familles à risque et les familles à multirisques en priorité». «Combien de familles avons-nous sorties de la pauvreté ? A-t-on recensé, parmi celles qui travaillent, le nombre de femmes embauchées dans la précarité ? C’est à ce genre de questions que nous devrions répondre à travers une recherche d’actions», a-t-il soutenu. Et puis, enchaîne-t-il, «il faut prendre en ligne de compte certains éléments d’analyse : il y a une mutation dans la cellule familiale. L’autorité paternelle a baissé sur le plan scientifique et technique. Ces mutations ont des incidences sur la vie sociale et économique de la femme ». Pour lui, l’analyse ne doit pas se faire dans une période ou un moment donné (ramadan, fêtes …), mais cela doit se faire plusieurs fois durant la même année comme cela se fait dans d’autres pays du monde. Sur 7 millions de familles recensés, 1 million sont touchées par le chômage». Il faut se poser la question sui vante : comment augmenter l’employabilité des femmes et assurer l’égalité des sexes non encore réalisée en Algérie. Le problème de l’autonomisation des filles et des femmes a été classé comme étant la revendication de base, et une priorité parmi les 7 objectifs prioritaires pour l’Algérie post-2015. En effet, M. Musette préconise le recrutement de spécialistes au CREAD pour fournir les données nécessaires permettant de rattraper le retard accumulé depuis une cinquantaine d’années dans ce domaine. Au cours de ce débat, une intervenante s’interroge pour savoir quels sont les indicateurs pouvant servir de données de base pour les chercheurs afin qu’ils puissent avoir une meilleure visibilité de cette problématique ? Cette question a été adressée à la directrice de l’ONS, Mme Lakhal. Abordant le sujet, la présidente de la commission de la santé, des affaires sociales, du travail et du Conseil de la nation se demandait «pourquoi les femmes diplômées n’arrivent-elles pas à accéder à des postes de travail. Il faut qu’elle soit universitaire pour pouvoir décrocher un poste et quand elle est mère ou quand elle atteint l’âge de 50 ans on est pressés de l’écarter du monde du travail », s’indigne Louisa Chachoua, lors de cette intéressante rencontre.
S.L