Désormais, les sociétés multinationales au sud n’en feront plus à leur guise en matière de recrutement. Les pouvoirs publics ont décidé de mettre de l’ordre face à des entreprises dont une bonne partie ne respecte pas la loi sur l’emploi. Un fait particulièrement observé dans le sud du pays.
Pplusieurs multinationales opérant au sud du pays n’ont pas appliqué la dernière instruction du Premier ministre, qui les oblige à passer par l’Agence nationale de l’emploi (ANEM) pour tout recrutement. Pour mettre fin à cette situation, des commissions d’inspection se sont déplacées au niveau des sociétés pétrolières activant dans le sud. Supervisées directement par les walis, elles sont chargées de s’enquérir sur la situation de l’emploi et de l’application de l’instruction de Abdelmalek Sellal. Ces commissions ont été dépêchées dans les wilayas de Tamanrasset, Ouargla et Illizi. A la fin de leur mission, elles établiront des rapports qui seront remis aux walis et au Premier ministère.
« Les commissions vont enquêter sur les disparités salariales pratiquées par les entreprises pétrolières activant dans la région », a expliqué le wali de Tamanrasset, Abdelhakim Chater, lors de la rencontre du ministre du Travail et de l’Emploi, Tayeb Louh, avec les notables et la société civile, jeudi dernier. C’est suite aux rapports établis que le wali va prendre des mesures. « Je vais sanctionner toutes les entreprises qui ne se conforment pas à l’instruction du Premier ministre », a menacé M. Chater. Revenant sur la dernière instruction du Premier ministre, le wali a promis la rigueur dans son application sur le terrain en resserrant l’étau sur les organismes de contrôle et les inspections de travail en coordination avec la commission intersectorielle, installée, à cet effet.
On apprend, également, que des commissions ont été installées à Illizi et Ouargla. La décision d’enquêter sur les multinationales a été prise suite aux requêtes des jeunes chômeurs qui ont observé, ces derniers mois, plusieurs mouvements de protestation pour dénoncer les dépassements de ces sociétés qui recrutent sans passer par les agences locales, ce qui est contraire à la loi. Autre problème de taille, celui des disparités salariales entre ce qu’offre Sonatrach et ce qu’octroient les entreprises étrangères, pour le même travail.
Le ministre du Travail et de l’Emploi a, d’ailleurs, estimé que c’est ce genre de pratiques qui a poussé les jeunes chômeurs à manifester. Il a affirmé que l’Etat va sévir surtout au niveau des sites pétroliers et gaziers pour appliquer la loi. Les responsables locaux ont fait savoir que les jeunes chômeurs des wilayas du sud boudent le secteur privé à cause, justement, des disparités salariales entre les ouvriers algériens et étrangers.
C’est ce que confirment, d’ailleurs, les chiffres de l’inspection de travail. Selon les statistiques, 2 267 interventions ont été effectuées au niveau des entreprises de Tamanrasset, qui se sont soldées par l’établissement de 350 procès-verbaux portant sur des infractions diverses, notamment en matière de salaires, de sécurité sociale, de recours à la main-d’œuvre étrangère non autorisée et des modes de recrutement. Dans leur plate-forme de revendications, les chômeurs du sud ont évoqué le problème de l’exclusion des enfants de la région du marché de travail par ces entreprises en leur imposant des conditions draconniennes telles que la maîtrise de langues étrangères pour des postes de chauffeur et d’agent d’entretien.
Neila B.