L’opérateur de téléphonie mobile Djezzy n’est pas le seul à avoir des difficultés à rapatrier ses dividendes puisqu’un nouvel opérateur, Lafarge en l’occurrence, vient de se plaindre officiellement pour les mêmes raisons.
Par A. Bachiri
L’opérateur de téléphonie mobile Djezzy n’est pas le seul à avoir des difficultés à rapatrier ses dividendes puisqu’un nouvel opérateur, Lafarge en l’occurrence, vient de se plaindre officiellement pour les mêmes raisons.
Mais, entre les deux entreprises y a-t-il un lien ? Evidemment, diront beaucoup, puisque les deux entreprises avaient suscité la colère des autorités algériennes, qui n’a jusqu’à ce jour pas encore digéré la revente de cimenteries publiques cédées par l’Etat au groupe égyptien Orascom Cement à la société française Lafarge. La difficulté de ce dernier de transférer de l’Algérie ses dividendes a, selon toute vraisemblance un rapport direct avec ce dossier.
Pour certains observateurs, le temps est venu pour le groupe français de rendre des comptes, comme l’a fait auparavant l’opérateur Orascom. Implanté en Algérie depuis fin 2007 après le rachat d’Orascom Cement, le français Lafarge n’a toujours pas été autorisé à transférer ses dividendes. Selon les informations rapportées par le journal électronique TSA, le Gouvernement Algérien a bloqué le transfert en France d’un total de près de 300 millions d’euros, représentant les dividendes issus de la filiale algérienne depuis 2007.
« La filiale algérienne est extrêmement rentable, Mais Lafarge ne peut pas rapatrier ses dividendes à cause d’un différend avec le Gouvernement Algérien », explique un responsable de la société sous le sceau de l’anonymat au journal.
Ce dernier a d’ailleurs confirmé l’information auprès d’une porte-parole de Lafarge. « A ce jour, nous n’avons pas transféré nos dividendes d’Algérie. Mais nous n’excluons pas de le faire en accord avec le Gouvernement Algérien. Nous sommes également à jour avec nos obligations fiscales ».
Lafarge n’a pas souhaité commenter le montant de 300 millions d’euros de dividendes ni fournir des données financières détaillées sur sa filiale algérienne. C’est dire que le groupe français préfère user de la prudence dans les propos, afin de ne pas envenimer la situation et s’attirer les foudres du Gouvernement Algérien.
Les termes employés par la porte-parole dont le journal n’a pas cité le nom, privilégie cette thèse, que la société française ne veut pas aller à la confrontation pour accélérer le transfert de ses dividendes. Ce qui conforte cette option, c’est les déclarations faites par les responsables de Lafarge sur les intentions d’investissement du groupe en Algérie.
La société française assure en effet que les 300 millions d’euros de dividendes ne seront pas en réalité transférés à l’étranger, mais seront utilisés pour accélérer son développement en Algérie. En plus de l’augmentation des capacités de production de ses cimenteries, Lafarge envisage de construire deux terminaux portuaires à ciment.
Les projets du groupe ont d’ailleurs été évoqués tout récemment à Alger à l’occasion de la visite officielle de la Secrétaire d’Etat chargée du Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac. Des responsables de la maison-mère avaient accompagné la ministre française lors de ce déplacement. Le groupe français va peut-être bénéficier de la détente, qui commence à caractériser les relations entre Alger et Paris, décidé apparemment à enterrer la hache de guerre.