Emigration clandestine vers l’Espagne, interception d’une patera avec 23 harraga au large d’Almeria

Emigration clandestine vers l’Espagne, interception d’une patera avec 23 harraga au large d’Almeria

Les gardes-côtes espagnols ont intercepté, dans la nuit de mardi à mercredi, une patera (embarcation de traversée clandestine vers l´Espagne) à 21 milles (40 km environ) au large de Mesa Roldán, localité de Carboneras (Almeria). A bord, se trouvaient 23 personnes. Ce sont les premiers harraga de la saison avec le retour du beau temps en Méditerranée.

Mardi, vers 22 heures, les radars du Système électronique de surveillance côtière (Sive) avaient repéré la patera, dont les occupants voulaient négocier leur approche des côtes espagnoles à la faveur de la pleine nuit.

L´alerte donnée, la vedette de la gendarmerie espagnole Salvamar Algenib et l´hélicoptère Helimer 202 ont été immédiatement envoyés dans cette zone pour secourir les 23 candidats à l´émigration clandestine. Parmi eux, il y avait cinq adolescents, dont vraisemblablement deux mineurs. Selon les premières indications fournies par les autorités locales, hier matin, il s´agit de ressortissants algériens.

L´équipe médicale de la Croix-Rouge espagnole, qui les avait auscultés à leur arrivée dans le port d´Almeria, où des vivres leur avaient également été fournies, n´ont pas décelé chez eux de pathologie. «Ils sont tous en bonne santé !», selon un jeune volontaire de cette organisation humanitaire. Il existe de fortes probabilités que ces harraga aient levé l´ancre depuis l´une des plages de la côte oranaise, durant la nuit de lundi à mardi, pour échapper à la vigilance des gardes-côtes algériens. Almeria est la destination privilégiée des «maffias» de l´émigration illégale depuis l´ouest algérien. Cette ville espagnole est distante d´à peine 134 km de la ville de Béni Saf. Sitôt arrivés, peu après minuit, au port d´Almeria, les services d´urgences maritimes ont remis les passagers clandestins à la disposition de la police nationale.

Les formalités d´usage en vue de leur rapatriement vers leur pays d´origine ont commencé dans la matinée par leur audition par un magistrat. La loi espagnole prévoit l´expulsion immédiate des adultes. Quant aux mineurs qui entrent dans la catégorie des «personnes en détresse», comme les femmes et les handicapés, ils seront placés dans un centre d´accueil social. Les services sociaux chercheront à localiser éventuellement des membres de leurs familles en Espagne.

Les «patrons» risquent de lourdes peines de prison

Dans le cas des «patrons» des embarcations, la justice sera moins clémente. Les organisateurs des traversées clandestines vers l´Espagne risquent de lourdes peines de prison et de fortes amendes pour «avoir mis en danger la vie de personnes en territoire Schengen». C´est ce qui est déjà arrivé à deux de ces trafiquants de personnes, à Palma, où le juge leur avait infligé, en 2010, une peine de 2 ans de prison pour ce délit. Hier, la Cour suprême a décidé d´alourdir les peines de prison prononcées contre deux autres patrons d´une embarcation interceptée le 29 août 2011 au large d´Almeria.

Le magistrat a retenu contre ces deux individus, originaires de Gambie et de Guinée Bissau, des circonstances aggravantes pour justifier sa décision de doubler la peine de 4 ans prononcée contre eux par le tribunal provincial. Ce châtiment se veut exemplaire contre ces «maffias» qui encaissent jusqu’à 1500 euros par tête de passager qui, souvent, hélas, n´arrivent pas à bon port. Même ceux qui croient avoir pu gagner «l’eldorado espagnol» ne tarderont pas à déchanter. Selon un rapport d´Eurostat, les importants déséquilibres du marché du travail en Espagne sont flagrantes.

Dans ce pays qui enregistre 6 millions de chômeurs, soit un taux de chômage de 27%, le double de la moyenne de la zone euro, les jeunes fuient leur pays par dizaines de milliers depuis 2008. En 2012, près de 30 000 travailleurs espagnols affectés par le chômage sont partis tenter leur chance en Allemagne, soit 45% de plus qu’en 2011. Il s´agit de la poussée migratoire espagnole la plus importante depuis 1973. Jusqu´à quand d´ailleurs puisque depuis l´année dernière, l´Allemagne aurait accueilli plus d´un million de travailleurs originaires des pays de la zone euro !

Hania A.