Émigration clandestine: Près de 4.000 tentatives déjouées en 2018

Émigration clandestine: Près de 4.000 tentatives déjouées en 2018

M. Aziza

Émigration clandestine: Près de 4.000 tentatives déjouées en 2018

  Le nombre des tentatives d’émigration clandestine connaissent ces dernières années une hausse inquiétante. Des Algériens dont des femmes et des enfants tentent de franchir clandestinement la Méditerranée pour rejoindre l’Europe au péril de leur vie.

Selon des chiffres rendus publics hier par la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), près de 4.000 tentatives d´émigration clandestine ont été déjouées en 2018 par les gardes-côtes, dont 287 femmes et 1.126 mineurs accompagnés ou non accompagnés. Pour la Ligue, ces chiffres ne reflètent pas la réalité du terrain, puisqu’il s’agit uniquement des harraga qui ont été interceptés, sans tenir compte de ceux qui sont morts noyés en mer lors de leur fatale aventure et qui n’ont pas été repêchés à ce jour.

Force est de constater que le nombre des tentatives d’émigration clandestine est en hausse d’une année à l’autre. Selon les chiffres avancés par la LADDH, pas moins de 3.983 tentatives d’émigration clandestine ont été déjouées en 2018, contre 1.206 tentatives déjouées par les gardes-côtes en 2016. A ce propos, la LADDH affirme avoir recensé la mise en échec de tentatives d’émigration de 9.753 individus depuis début 2015 à la fin 2018, tandis que 3.000 personnes seraient mortes depuis 2009. Selon la Ligue, les candidats à l’émigration sont généralement des jeunes qui fuient le chômage et la dégradation de leur niveau de vie.

Pour ce qui est des ressortissants algériens qui ont pu rejoindre l’Europe, mais qui sont détenus dans de centres de détention, la LADDH a, en l’absence de statistiques officielles, avancé des chiffres «partielles». La Ligue a ainsi tenté de cerner le chiffre des ressortissants algériens détenus à l’étranger en se basant sur les informations partielles collectées auprès des familles des concernés ou à partir des rapports d’ONG. «Des informations qui restent sûrement incomplètes», reconnaissent les rédacteurs du communiqué. La Ligue avance le nombre de 12.700 personnes détenues au cours des dix premiers mois de l’année en cours contre 14.000 pendant l’année précédente qui sont détenues dans des centres de rétention en Europe.

Pour Houari Kaddour, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), ce phénomène ne trouvera de solution qu’avec un dialogue ouvert sur une coopération économique équitable entre les pays des deux rives de la Méditerranée. Pour lui, il faut s’attaquer aux vraies causes de l’émigration clandestine, en estimant que «le vrai crime de l’émigration clandestine n’est pas celui de ces innocents si jeunes, morts en voulant vivre dignement, mais le vrai forfait est celui de l’impossibilité qui leur est faite de circuler librement, un droit garanti aussi bien par le droit national qu’international et que bafoue une politique migratoire occidentale obsolète».

La Ligue estime que franchir aujourd’hui clandestinement la frontière d’un pays est la stricte conséquence logique de sa fermeture abusive au-devant des humains quand on l’ouvre de plus en plus et totalement pour les marchandises et les services.

Au-delà de cette lecture faite par la LADDH, de nombreuses questions restent posées, notamment sur les réseaux. Qui organise ces traversées clandestines ? Comment peuvent-ils organiser des opérations d’émigration en masse sans être interceptés ?