Emeutes en Algérie – « J’ai peur pour notre pays »

Emeutes en Algérie – « J’ai peur pour notre pays »

Alors que la violence en Algérie perdure ce samedi, FranceSoir.fr a conctacté Yacine B, un jeune homme de 26 ans habitant le quartier de Bab el Oued. Il nous parle des émeutes de ces derniers jours et de ses craintes pour son pays.

Les violences en Algérie se multiplient dans les principales villes du pays. Les autorités ont confirmé la mort de deux personnes et, peut-être, d’une troisième selon le journal El Watan. Yacine B. est un habitant du quartier de Bab el Oued à Alger. Ce jeune homme de 26 ans avoue avoir participé pacifiquement aux rassemblements de ces derniers jours. Il s’exprime sur la situation et dénonce la violence.

Francesoir.fr. Yacine, quelle est la situation ce samedi à Alger ?

Yacine. La nuit a été très agitée avec des émeutes et de la violence dans la ville. Des pneus ont été enflammés, des vitrines de commerce ont été cassées et il y a eu des heurts avec les policiers. Ce matin, c’était beaucoup plus calme mais depuis quelques heures, c’est de nouveau tendu. Les personnes les plus âgées ont vraiment peur, tout comme les enfants. Il n’y aucun signe d’apaisement.

F.S. Avez-vous participé à ces manifestations ?

Y.B. Oui, car au début il s’agissait de manifestations pacifiques et très calmes. Les prix des aliments ont beaucoup augmenté durant les dernières semaines et il devient difficile de vivre correctement. Les salaires ne sont pas élevés et n’ont pas progressé depuis longtemps. Nous sommes pris à la gorge. Les gens en ont marre. Ensuite, c’est vrai que les choses ont dégénéré rapidement. Mais c’est aussi à cause de certains perturbateurs. Ils voulaient se battre. C’était l’occasion de tout faire exploser.

F.S. Quel est l’avis des gens sur ces émeutes ?

Y.B.: Nous sommes tous très inquiets car une poignée de jeunes souhaitent continuer les actions violentes. Il y a un risque que cela gagne d’autres couches de la population comme les jeunes actifs. Même les personnes les plus modérées, comme moi, commencent à penser que c’est la seule solution. Mais franchement, j’ai peur et je ne veux que la paix pour notre pays.

F.S. Quelles sont les réactions du gouvernement et du président Bouteflika ?

Y.B. Il n’y en a aucune. Personne ne fait rien justement. C’est aussi pour cela qu’il existe de la tension. Nous n’avons aucune information. Nous avons l’impression que le président ne pense qu’à son pouvoir, qu’il nous méprise. Il a juste envoyé les policiers pour réprimer les émeutes. Ce n’est pas suffisant. Je ne sais pas comment nous allons sortir de cette crise mais c’est très grave. L’Algérie est au plus mal, croyez-moi.