Emeutes du Xinjiang : La Turquie appelle la Chine à la retenue

Emeutes du Xinjiang : La Turquie appelle la Chine à la retenue

Les troubles qui secouent la province chinoise du Xinjiang « ont pris la dimension d’atrocités », a affirmé mercredi le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, exhortant les autorités à la retenue et demandant que le Conseil de sécurité de l’ONU soit saisi de ce dossier.

Sans accuser directement le gouvernement chinois, il a indiqué que la Turquie musulmane, qui entretient des rapports culturels et religieux avec le peuple turcophone ouïghour du Xinjiang, souhaitait que cessent d’urgence les troubles, « dans le respect des normes universelles des droits de l’Homme » et que les fauteurs de troubles soient traduits devant la justice.

La Turquie, membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, demandera que le sujet soit discuté dans cette instance, a ajouté M. Erdogan devant la presse.

« C’est une tâche humanitaire qui repose sur nos épaules », a-t-il dit.

Peu avant, son ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu avait indiqué qu’il s’entretiendrait mercredi de cette question avec son homologue chinois.

« Nous entretenons des rapports fraternels avec le peuple ouïghour et nous nous intéressons de près à son sort », a-t-il dit aux journalistes.

Le chargé d’affaires de l’ambassade de Chine a été convoqué mardi au ministère des Affaires étrangères, a ajouté M. Davutoglu.

Son ministère a aussi publié un communiqué faisant état de la préoccupation d’Ankara.

« Le peuple turc se sent très proche du peuple ouïgour avec lequel il a des rapports de fraternité et partage ses souffrances », indique-t-on dans le document.

La Turquie « veut croire que les autorités chinoises respecteront scrupuleusement la sécurité des personnes, dans les efforts déployés pour le rétablissement de l’ordre », souligne le document.

Le gouvernement chinois a déployé des milliers de membres des forces de sécurité mercredi à Urumqi, capitale du Xinjiang (nord-ouest), sous très haute tension après trois jours de troubles entre Ouïgours et Hans, l’ethnie majoritaire en Chine.

Les autorités ont établi un bilan de 156 morts. Mais les exilés ouïgours parlent d’au moins 400 tués.

La presse turque a dénoncé mercredi un « massacre chinois » au Xinjiang.

Mardi et mercredi, des manifestations de protestation ont été organisées devant les missions diplomatiques chinoises à Ankara et Istanbul par des membres de la communauté ouïgoure soutenus par des organisations nationalistes turcs.

Ankara soutient la souveraineté chinoise au Xinjiang et rejette tout séparatisme turcophone.

Le chef de l’État turc, Abdullah Gül, a effectué fin juin une visite en Chine axée surtout sur l’économie.

Il a, à cette occasion, visité le Xinjiang.