Face à cette situation préoccupante, les autorités publiques ne semblent disposer d’aucune solution, en mesure d’apaiser la colère des familles tenaillées par la crise du logement.
Au cours de la semaine dernière, la tension générée par l’affichage des listes de bénéficiaires de logements est montée d’un cran. Le chef de daïra de Sidi Aissa, dans la wilaya de M’sila, a été agressé à l’arme blanche dans son bureau, alors que celui de la commune d’El Harrouche à Skikda a failli être séquestré par des citoyens en colère ayant assiégé le siège de la daïra. Dans bien d’autres wilayas, les mouvements de protestation se sont poursuivis et des scènes de saccage et d’incendie ont été enregistrées. Face à cette situation préoccupante, les autorités publiques ne semblent disposer d’aucune solution, en mesure d’apaiser la colère des familles tenaillées par la crise du logement. Ce qui augure de dérapages à craindre dans les prochains jours. En fait, les ministres de l’Intérieur et de l’Habitat, directement concernés par le dossier, imputent la responsabilité des mouvements de protestation aux citoyens. Dahou Ould Kablia a déclaré, avant-hier, que «des efforts ont été déployés cette année pour distribuer 75 000 nouveaux logements et qu’on ne pouvait satisfaire tout le monde tellement la demande est considérable». Pour le ministre, les protestataires «ne remettaient pas en cause le droit des bénéficiaires au logement mais le retard mis dans l’arrivée de leur tour de livraison». Ould Kablia a qualifié d’«inadmissible que les protestataires saccagent, incendient des APC et des daïras et déclenchent des émeutes», soutenant que les auteurs de ces actes seront traduits en justice. Le chef de daïra, a-t-il ajouté, «n’est pas responsable» des listes des bénéficiaires de logements «car ces listes sont étudiées au niveau d’une commission qui regroupe même les représentants des quartiers et des citoyens». De son côté, Nourdine Moussa a tenu à affirmer que la règlementation régissant la distribution des logements sociaux en Algérie est «impartiale». Le décret 08-142 du 11 mai 2008 fixant les règles d’attribution du logement locatif a introduit l’équité et la justice dans la distribution des logements, précise-t-il. Rappelant qu’il a été créé un «fichier national du logement» où sont consignées l’ensemble des décisions d’attribution des logements publics locatifs, des logements sociaux participatifs, des logements cédés dans le cadre de la location-vente, des terrains à caractère social et des aides de l’état attribuées pour l’achat ou la construction d’un logement. Moussa a aussi relevé que les ministres de l’Habitat et de l’Intérieur et des Collectivités locales ont été désignés comme destinataires de toutes les informations liées aux conditions et modalités d’attribution du logement public locatif. Il a toutefois indiqué qu’une «série de recommandations, élaborées en concertation avec le ministère de l’Intérieur sont prêtes afin d’appuyer l’actuel décret».
Par ailleurs, le ministre a relevé que les disponibilités financières ne sont pas suffisantes pour résoudre la problématique du logement en Algérie. Ajoutant, qu’outre le manque des assiettes foncières dans le centre du pays, le savoir-faire est un autre problème qui entrave la bonne exécution des programmes de logements en Algérie. En plus clair, les demandeurs de logements sont appelés à patienter encore davantage et ne pas contester les listes de bénéficiaires. Le discours du gouvernement demeure, néanmoins, fragilisé par la réalité du terrain. En fait, des responsables locaux préfèrent afficher les listes à 4 heures du matin faute de ne pouvoir affronter la population. A Ferdjioua (Mila), le chef de daïra a annulé la liste des bénéficiaires, pour enquêter sur des dépassements signalés par des protestataires.
Par Aomar Fekrache