Une quinzaine de wilayas du pays ont eu à souffrir des ruptures impromptues de courant électrique cet été courant. Plusieurs émeutes ont éclaté et la plus récente a secoué, la commune de Sidi Hosni (Tiraet) hier mardi. Les protestataires accusent Sonelgaz et les APC d’incompétence…
Emeutes « électriques » à Batna
« Electricité en caoutchouc » est une expression populaire algérienne pour dire qu’il suffit d’un rien pour que tout un pays plonge dans le noir, sans courant électrique. Excédés par les coupures répétitives d’énergie électrique qui durent depuis une semaine, des dizaines de citoyens de la localité de Sidi Hosni, à 35 kilomètres à l’est de Tiaret, ont fermé ce mardi 24 juillet la route nationale n°90 reliant Tiaret à Alger, obligeant de nombreux automobilistes à faire de longs détours par Rahouia. Les forces antiémeute de la gendarmerie nationale ont réussi à dégager la voie un peu avant 21 h.
En ce début juillet, La commune El Bouni (Annaba) a connu les 8 et 9 juillet derniers des émeutes provoquées par de fortes perturbations dans la distribution de l’énergie électrique (et de l’eau potable). Toutes les voies de communication reliant le chef-lieu de la commune de Annaba, à El Bouni, El Hadjar, Sidi Amar, Aïn El Berda avaient été bloquées par les émeutiers des zones enclavées de la daïra d’El Bouni.
Quinze wilayas du pays sont touchées par cette vague de contestation due aux coupures impromptues du courant électrique sans que les citoyens ne soient avisés à temps Biskra, Batna, M’sila, Sétif, El Tarf, Bouira, Béjaïa, Blida, Bordj Bou Arréridj, Adrar, Oum El Bouaghi, Mila, Guelma, Jijel et El Oued.
Les plus violentes émeutes ont été enregistrées dans la wilaya de Biskra où des centaines d’habitants des quartiers populaires de la cité Khobzi, de Saïhi II, d’El Boukhari, d’El Amel (1000 Logements) et de Remaïche du vieux Biskra, se sont rassemblés, début juillet au niveau du rond-point de la route du Sahara (trig sahra), isolant la ville de tout trafic routier. Située à 50 km au nord de Biskra, la commune d’El Kantara a vécu des événements similaires, où des centaines d’habitants, pour la plupart des jeunes, ont investi les rues pour dénoncer les perturbations dans l’alimentation en courant électrique. Les habitants de la commune de Tolga (35 km au sud-ouest de Biskra), ceux de l’immense quartier populaire de Rassouta Gharbia, étaient également de la partie, rassemblés devant les édifices publics et l’agence de la société de distribution de l’électricité pour réclamer la présence d’élus locaux et des responsables concernés. L’intervention des forces de sécurité avait mis le feu aux poudres. L’APC avait été prise d’assaut, le matériel informatique détruit ainsi que d’autres équipements urbains.
Rappelons qu’en 2003, près d’un millier de personnes avait investi la rue, à Tadjnanet, wilaya de Mila, pour exprimer leur ras- le-bol contre les fréquentes coupures de l’énergie électrique. Les locaux de Sonelgaz et de l’Union locale de l’UGTA, avaient été carrément incendiés à l’aide de pneus enflammés. D’autres services publics, tels que l’administration des impôts, la subdivision de l’urbanisme, l’antenne des domaines, Le bureau de l’Organisation nationale des moudjahidine ainsi que les dépendances de la recette communale avaient été saccagés. A la même période, émeutes à Zeboudja de Zeboudja, à 30 kilomètres de Chlef, les habitants en colère s’étaient attaqués à la résidence du chef de daïra.
Le problème des pannes électriques qui ne sont pas confondues aux périodes de délestage par les manifestants, ne date pas d’hier. Les raccordements vétustes et anarchiques, les poteaux électriques publics éventrés, présentant un réel danger d’électrocution n’ont pas fait réagir les services de Sonelgaz directement concernés. Encore moins les élus locaux qui agissent au coup par coup sans un réel plan de charge dans la gestion de la consommation électrique au service des citoyens. Par ces fréquentes pannes électriques, c’est l’incompétence chronique des services publics qui est pointée du doigt par les manifestants.
R. N.