En Algérie, on peut enquêter sur les raisons qui ont provoqué les émeutes de janvier 2011, mais pas les 3 victimes qui ont péri durant ces violences. Dans un entretien accordé mardi 20 septembre à l’agence APS, le président de l’Assemblée nationale, Abdelaziz Ziari, a indiqué que les conclusions de l’enquête parlementaire sur l’augmentation des prix du sucre et de l’huile qui ont précédé les émeutes de janvier 2011 ne resteront pas dans les tiroirs.
« L’enquête sera suivie d’effet. Il n’y a pas de doute. Cela dépendra simplement de l’identification des causes et d’où se situeront, en ce moment, les mesures qui doivent être prises », a-t-il déclaré M. Ziari qui a qualifié l’enquête d’ « extrêmement pertinente ».
« Nous attendons les conclusions de la commission d’enquête. Conformément à la loi, j’adresserai ce rapport à qui de droit et en particulier, bien sûr, au président de la République. Evidemment, je suis tout à fait de ceux qui pensent qu’il faut que le rapport soit rendu public », a-t-il ajouté.
Le président de l’APN exclut que ces investigations soient liées aux troubles qui ont affectés plusieurs régions d’Alger en janvier dernier.
« Je dis que cette enquête n’a rien à voir avec les troubles qui ont eu lieu. Son objectif est de savoir pourquoi il y a eu des excès des prix de ces matières premières. C’est-à-dire comment se fait-il que le contrôle du marché de ces produits de première nécessité n’a pas évité les problèmes qui se sont posés (en conséquence) », a-t-il souligné au cours du même entretien.
« S’il y a des responsabilités d’une autre nature, évidement, les concernés devront rendre compte devant leurs responsables, qu’il s’agisse d’entreprises publiques ou privées, et voir exactement la nature de la faute », a-t-il ajouté.
Enquête lancée en avril 2011
Une demande pour une enquête parlementaire sur l’augmentation des produits de premières nécessités qui avait précédé les émeutes de janvier 2011 qui ont fait 5 morts avait été déposée au début du mois d’avril des députés du FLN ( Front de libération nationale).
Plusieurs opérateurs économiques privés et publics ont été auditionnés par la commission. Peu de temps temps après les violentes manifestations, des responsables algériens avaient accusé des lobbies d’être derrière ces troubles.
Le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait admis au mois d’avril l’impuissance de lEtat à faire face aux barons de l’économie informelle. « L’Etat ne s’est pas affaibli. Il gère les situations. L’Etat n’est pas faible. Mais il réagit comme une mère impuissante devant ses enfants »,a-t-il déclaré le 8 avril à la télévision publique.
Enquêtes parlementaires mises sous le boisseau
Plusieurs enquêtes avaient été lancées par le passé par l’assemblée nationale, notamment sur la fraude électorale d’octobre 1997 ainsi que sur les événements de Kabylie au printemps 2001, mais leurs conclusions n’ont pas été divulguées ou suivies d’effets.
Si les députés ont mis trois mois avant de revendiquer une enquête sur la hausse des prix de l’huile et du sucre, ils n’ont en revanche réclamé aucune enquête pour déterminer les circonstances dans lesquelles les victimes ont trouvé la mort.
Trois morts en janvier 2011
Selon un bilan officiel fourni le 8 janvier 2011 par le ministre de l’Intérieur, les violences ont fait trois morts et 826 blessés dont 763 policiers.
Une personne a été tuée par balle à Msila, une autre retrouvée brûlée dans un hôtel à Tidjalabine ( Boumerdés ) alors qu’une troisième est décédée à BouSmail (à l’ouest d’Alger) après avoir reçu une bombe lacrymogène dans le visage.
Dans la foulée de sa déclaration, le ministre de l’Intérieur avait annoncé l’ouverture d’enquêtes, mais celles-ci ne font toujours attendre.