Hier, à midi pile, Mostaganem a été le théâtre d’une émeute provoquée initialement par une cinquantaine de commerçants occasionnels, dont les étals à même le trottoir étaient menacés par la mise en service d’un nouveau plan de circulation. Le mécontentement de ces parias, qui se sont réfugiés dans le commerce informel comme unique gagne-pain, ne s’attendaient certainement pas à servir de premières victimes collatérales à une réorganisation de la circulation dont Mostaganem avait un pressant besoin. Déjà, dès vendredi matin, lorsque les premiers couacs avec la maréchaussée étaient signalés, il était évident que la situation allait prendre une tournure plus violente. Tout semblait indiquer que la journée de samedi n’allait servir que de round d’observation. Hier matin, une présence policière inhabituelle était signalée aux alentours des édifices publics et dans les quartiers périphériques.
Manifestement, du côté des services de sécurité, la situation quasi insurrectionnelle, qui se préparait, était parfaitement prévisible. Dès les premières échauffourées, un cordon de police était placé devant les manifestants. Au niveau de l’esplanade de la mairie, c’est Mohamed Tahar Hachichi, directeur de la sûreté de wilaya en personne qui s’est rendu auprès des manifestants pour les dissuader. Son offre de dialogue sera balayée d’un revers par les manifestants qui le bousculèrent sans le moindre égard avant de se mettre à « caillasser » la façade de l’hôtel de Ville dont les grilles venaient d’être fermées par les employés retranchés à l’intérieur.
En l’absence de tout responsable, les émeutiers – qui se recrutent parmi les adolescents et les jeunes désœuvrés – se sont dirigés vers le siège de Sonelgaz et celui de la BADR dont ils ont cassé les vitres à l’aide de pierres et autres objets. Les échauffourées ont commencé peu avant midi, au moment de la sortie des écoliers, lycéens et universitaires. Très rapidement, la manifestation a pris une ampleur considérable, le service d’ordre qui tentait de calmer les esprits est largement débordé par une foule de plus en plus compacte et surtout fortement motivée.
Certains renversaient les poubelles pour y mettre le feu pendant que d’autres lançaient des pierres sur l’ensemble des édifices publics qui bordent le centre-ville. Après d’interminables jets de pierres contre les forces de l’ordre, 4 policiers seront blessés lors des affrontements, c’est le recours aux bombes lacrymogènes qui a dispersé les manifestants qui se sont réfugiés dans les dédales du marché de Aïn Sefra, tout proche. Vers 13h, le calme est revenu progressivement. Toutefois, la situation était encore très tendue hier soir. Les policiers ont procédé alors à plus de 26 interpellations parmi les badauds venus fort nombreux.
Toutefois, certains semblaient parfaitement ciblés. Une fois le centre-ville évacué, les services de sécurité, craignant de nouveaux débordements, maintiendront un dispositif aux alentours de la daïra et de la wilaya. En procédant à la fermeture préventive des accès à l’ensemble des édifices, ils ont évité un saccage que les manifestants n’avaient probablement pas programmé mais qu’un groupe de casseurs s’apprêtait à commettre.