Le vieux quartier de Diar El-Afia, dans la commune de Kouba, a été secoué par de violentes émeutes hier matin Motif : les habitants du quartier protestaient contre la décision prise par les responsables de l’APC de démolir les baraques construites non loin de leur quartier depuis plus de deux ans.
Selon les premiers témoignages recueillis sur place, les affrontements ont fait plusieurs blessés du côté des manifestants et des forces de l’ordre, où plusieurs voitures ont été endommagées. Les habitants de ce quartier se disent exaspérés par les fausses promesses des autorités locales. «Nous vivons dans des conditions inhumaines.
C’est pour cela que ces gens-là ont décidé de construire des barques ici», raconte un père de famille habitant ce quartier depuis 1963, nous invitant à visiter sa «maison», une chambre de moins de 4 m2. L’unique pièce sert de cuisine et de chambre à coucher pour cinq personnes. «Nous n’avons pas de sanitaires.
Les toilettes sont communes», précise-t-il. Ce père de famille nous a raconté que chaque année, les autorités viennent faire un recensement, mais, à ce jour, personne n’a bénéficié d’un logement. «La présidente de l’APC a fait plusieurs promesses aux habitants de ce quartier.
«La dernière en date remonte au mois de juillet dernier, mais au lieu de prendre une décision de loger ces familles qui souffrent le martyre, elle vient d’ordonner la démolition des barques», explique de son côté un jeune de 35 ans. «Les habitants de ce quartier sont complètement oubliés par les responsables», renchérit un homme d’un certain âge. Il nous prie d’écrire que son père est un moudjahid qui n’a jamais demandé quoi que ce soit. «Le mépris affiché par les responsables en charge de notre problème nous amène à conclure que nous sommes des moins que rien.
Et pourtant, Dieu seul sait à quel point nous avons la fibre patriotique. C’est justement ce point qui nous donne l’espoir que l’Etat nous accorde un peu de considération», lâche ce citoyen. Un autre habitant nous accoste et nous prie d’entrer dans sa maison minuscule. Il nous raconte qu’il habite dans une cave depuis plus de 47 ans. Il est père de 5 enfants. «Depuis que je suis ici, aucun responsable n’est venu me rendre visite pour essayer de trouver une solution à notre cas», dit-il, avant d’ajouter : «Mon fils a construit une baraque pour pouvoir se marier.
C’est la seule solution qu’il a trouvée.» Ce père de famille ne cache pas sa colère envers les élus : «Pourquoi ces responsables de l’APC ne sont-ils pas venus pour stopper la construction de ces baraques ? Aujourd’hui, ils prennent la décision de démolir sans même prendre le soin d’en avertir les occupants.» Il s’interroge : «Où vont-ils pouvoir aller tous ces sans-abri ?» Notons enfin que dans l’après-midi d’hier, la situation demeurait tendue au niveau du quartier Diar El-Afia.
Mohammed Zerrouki
