Émeutes à Birkhadem, L’attribution des logements de djenane sefari aux relogés de diar echems suscite la colère

Émeutes à Birkhadem, L’attribution des logements de djenane sefari aux relogés de diar echems suscite la colère

La famille de Cheikh Bouabdellah est dans une situation très délicate : quitter le logement de fonction qui a été attribué à leur défunt père quant il fut l’Imam de la mosquée Khaled Ben El Oualid dans les plus brefs délais, ou bien maintenir la résistance avec le soutien indélébile de toute la population du quartier Mezouar Abdelkader et de celui Saint Georges de Birkhadem sur la route de Saoula jusqu’à ce que leurs doléances soient prises en charge par les autorités locales.

Arrivés sur place, nous étions entourés par un groupe de jeunes qui n’ont pas fait de détour pour nous faire savoir qu’ils vont tenir tête aux forces de l’ordre jusqu’à ce que justice soit rendue à la famille de Cheikh Bouabdellah.

Pour en connaître les raisons qui ont contraint ces jeunes à faire face aux brigades antiémeutes déployées, certains d’entre eux nous ont accompagné en vue de rencontrer la famille pour défendre la cause de laquelle des émeutes ont éclaté depuis le samedi dernier.

Une fois affranchi le seuil du logement de fonction, les membres de cette famille n’ont pas laissé leur colère se dissimuler derrière leurs visages attristés. Selon eux, ils occupent cet appartement de fonction annexé à la mosquée depuis une quinzaine d’années.

Ils ont été mutés de El Madania à ce quartier afin que leur père exerce son métier d’Imam. Jusque là rien d’étonnant, mais une fois le père décédé que les problèmes commencent à pointer de nez.

Le ministère des Affaires religieuses a désigné une autre personne pour occuper le poste vaquant. Même si ce dernier, selon les membres de la famille de Cheikh Bouabdellah et les citoyens que nous avons pu rencontrer sur place, a bénéficié d’une location à pas mois de 300 mètres de la mosquée, il se plaint et cherche par n’importe quelle manière de les faire déloger.

Derrière cette mosquée, deux appartements se superposent. L’un est celui de la famille Bouabdellah, alors que le deuxième est occupé étrangement par un imam qui exerce à Saoula.

Cette famille a déposé à maintes reprises des dossiers en vue de bénéficier d’un logement social auprès des services concernés, à savoir, à O.P.H.L.M en 1973, puis au niveau de la commune de Birkhadem, la daïra et enfin au niveau de la wilaya, mais toutes les tentatives étaient malheureusement vaines, et ce, même après les investigations des services concernés de l’APC et les lettres de recommandations émanant de l’Organisation nationale des Moudjahidine.

Car, le défunt père, non seulement fut un des anciens Imams de la wilaya d’Alger, mais il est invalide de la guerre de la libération nationale, cependant cela n’a pas été profitable à cette famille qui risque de se retrouver dans la rue d’un jour à l’autre.

D’ailleurs elle a reçu un avis d’expulsion (numéro 10/92) le 09 mars dernier dans lequel, les membres de la famille étaient sommés de quitter le logement pour le 14 mars à 11heures du matin. Le comble de l’histoire, cette famille avant qu’elle ne reçoive cet avis d’expulsion, elle a encore une fois avisé le wali délégué de la circonscription administrative de Bir Mourad Raïs en 2008.

Ce dernier dans une correspondance en date du 20 janvier 2009, leur a fait savoir que le dossier est en cours d’examen au niveau des services sociaux de la circonscription. Une fois le quota de Bir Mourad Raïs en ce qui concerne les logements sociaux sera achevé, vous êtes pris en compte, a-t-il répondu.

Ainsi cette famille se trouve actuellement entre le marteau et l’enclume. Entre la décision d’expulsion au profit du ministère des Affaires religieuses et les promesses du wali délégué, la famille Cheikh Bouabdellah ne sait à quel saint se vouer.

Le seul vrai soutien qu’elle a eu, c’était celui des citoyens qui se sont organisés pour couper la route de Birkhadem allant vers Saoula le samedi dernier. Suite à cette action, les éléments des forces de sécurité sont intervenus, ce qui a déclanché des affrontements entre ces derniers et la population du quartier Mezouar.

Dimanche, les jeunes sont revenus à la charge en vue de barrer la route au huissier de justice qui a été accompagné par la force publique. Les citoyens du quartier Saint Georges, d’El Azhar ont rallié la cause. Ils ont apporté leur soutien aux jeunes de Mezouar.

Les affrontements se sont terminés avec l’arrestation de sept personnes dont l’un des fils de Cheikh Bouabdellah. Trois de ces jeunes ont été libérés alors que les quatre autres sont toujours aux arrêts au niveau de la Brigade de Gendarmerie.

Les jeunes que nous avons pu rencontrer, hier, sur place nous ont confirmé qu’ils ne vont pas renoncer tant que la famille de l’imam n’aura pas de logement. Ils ont décidé de renouer avec les émeutes chaque soir jusqu’à ce que les autorités concernés prennent en charge cette famille.

Outre ce quartier, nous avons trouvé un ras-le-bol social perceptible chez certains citoyens du quartier Saint Georges. Un bidonville de plus de 250 baraques est installé aux abords de la route menant à Saoula. Contrairement à ceux du quartier Mezouar, les citoyens que nous avons rencontrés sur le lieu revendiquent leur droit d’être relogé au niveau du site de Djenane Sefari au même titre que ceux de Diar EChems.

Ils disent qu’ils sont indubitablement prioritaires. Ils occupent des baraques depuis l’indépendance. Ils sont considérablement frustrés de na pas être parmi les bénéficiaires.

FERME TOUHAMI : LES CITOYENS FRUSTRÉS

Plus 350 familles habitant ici à la ferme Touhami sise à Djenane Sefari. Les maisons qu’elles occupent ne leur appartiennent pas. Ils sont logés chez des particuliers depuis l’indépendance. « Nous n’avions pas cessé de demander à être relogés ailleurs dans le cadre des logements sociaux.

Construire devant son nez des logements et en faire bénéficier d’autres familles venues d’ailleurs, alors que nous sommes prioritaires, est inacceptable. Nous ne sommes pas contre ces familles. Soyons logiques ! Nous avons des dossiers et la priorité devait nous être accordée. Cessons de répandre l’anarchie ! On demande seulement trente logements au profit des plus démunies », nous a déclaré un des citoyens.

« Nous aurions pu squatter, on est à deux pas de ces constructions. Nous avons manifesté pacifiquement notre colère samedi dernier contre cette injustice. C’était un message clair, s’ils ne veulent pas agir, qu’ils assument pleinement leurs responsabilités », a-t-il ajouté.

Hamid Mohandi

DERNIÈRE MINUTE

Les citoyens des quartiers de Mezouar Abdelkader et de celui de Saint Georges relevant de la Daïra de Birkhadem ont renoué avec les affrontements hier en fin de soirée.

Le climat était des plus tendus aux environs des quartiers sus cités. Suite à des informations parvenues à notre rédaction, il s’agirait d’une suite à ce qui a marqué déjà dans les précédentes journées ces quartiers de la Capitale.

Notre interlocuteur a fait savoir que tous les axes menant à ces quartiers étaient fermés à la circulation. Les jeunes émeutiers se sont retrouvés nez à nez avec les forces antiémeutes dépêchées en renfort sur place.

H.M.