Embouteillage et prolifération de points informels de vente du mouton, El Bahia asphyxiée par la circulation routière

Embouteillage et prolifération de points informels de vente du mouton, El Bahia asphyxiée par la circulation routière
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A la veille de l’Aïd El-Adha, Oran grouille d’activité et une intense circulation automobile affecte les artères de la ville, donnant lieu très souvent à des embouteillages inextricables, particulièrement aux abords des points de vente de cheptels, a-t-on constaté.

Depuis vendredi, les maquignons du sud-ouest du pays ont commencé à affluer vers la capitale de l’Ouest et se sont installés progressivement au niveau des 96 points de vente réglementaire de moutons mis en place dans la wilaya d’Oran, cette année.

A ce nombre de points de vente s’ajoutent les innombrables sites informels et autres étables de fortune installés à des endroits stratégiques par les nombreux revendeurs. Cette arrivée massive de cheptels a fait sortir bon nombre d’indécis de leur torpeur qui ont commencé à faire le tour des points de vente, histoire de tâter le terrain, de comparer les prix et de trouver la bonne occasion, la bonne bête à un prix plus ou moins raisonnable pour perpétuer le sacrifice du prophète Ibrahim El Khalil.

Et toutes les arrivées de camions de maquignons et les déplacements des clients potentiels combinés ont donné lieu à une circulation automobile intense à Oran, une ville qui étouffe d’ordinaire sous le poids d’un trafic routier très dense.

Le point de vente le plus fréquenté est, sans conteste, le site des abattoirs municipaux, situé à la périphérie sud de la ville, entre le troisième et le quatrième boulevards périphériques, sur la route d’Es-Sénia. Bien que la voie y soit large, les nombreux camions des maquignons et autres éleveurs, les véhicules des clients et ceux des très nombreux taxis et transporteurs clandestins, rendent la circulation extrêmement difficile à cet endroit.

Les automobilistes peinent à parcourir cette artère, déjà retardés par les très nombreux ralentisseurs qui s’y trouvent. «A chaque aïd el Adha, ce boulevard grouille de voitures, de fourgons et de camions, rendant la circulation presque impossible tout le long de l’artère. Il arrive qu’on met jusqu’à 40 minutes pour aller d’un bout à l’autre» déplore un chauffeur de taxi exploitant la ligne Oran-Es-Sénia village.

A l’entrée de la commune d’Es-Sénia et celle de l’agglomération d’Aïn El Beida , les nombreux points de vente, réglementaires ou informels regorgent et la circulation y est rendue également très difficile. «Il y a un troupeau près de l’autre sur chaque côté de cette rue. Les curieux et les éventuels clients garent leurs véhicules sur les deux bords, obligeant les piétons à se mouvoir en plein milieu de la voie. Pour les automobilistes de passage, c’est un véritable calvaire. Et comme chacun veut passer le premier, c’est le bouchon assuré», explique un automobiliste à l’entrée de la localité d’Aïn El Beida.

Une aubaine pour les transporteurs clandestins

A l’autre bout de la ville, à Oran-est, notamment le long du boulevard du Millénium et au niveau de l’agglomération de Belgaïd, ainsi qu’à Sidi El Bachir, Haï Khemisti et les autres quartiers environnants, tous situés dans la commune de Bir El-Djir, la situation n’est guère meilleure. Depuis quelques jours, en effet, la circulation y est très dense jusqu’à une heure avancée de la soirée. Bien entendu, les taxieurs et autres transporteurs clandestins se frottent les mains et profitent largement de cette situation. Evitant de s’enliser dans les embouteillages, les exploitants de taxis évitent ces destinations, exceptés

quelques téméraires qui ne veulent pas rater l’occasion pour arrondir leur fin de mois. Ceci n’est pas pour déplaire aux nombreux «clandestins», qui facturent la course vers l’un des points de vente de moutons à 500, voire 600 dinars. «Je n’y peux rien, c’est mon gagne-pain. Je suis taxi clandestin. Il y a beaucoup de travail, depuis quelques jours. Les occasions pareilles me permettent d’améliorer mes revenus. Ce n’est pas tous les jours que cela arrive», indique un clandestin.

Le client de l’un de ces taxis trouve, par contre, la course trop chère pour son goût. «500 ou 600 DA, c’est trop cher pour un trajet qui ne mérite pas plus de 200 DA. Chacun profite de l’occasion pour nous saigner, maquignons, revendeurs, transporteurs et commerçants», regrette-t-il. Pour leur part, les transporteurs, généralement à bord de pick-up et de fourgons et autres véhicules hétéroclites, voire parfois des hippomobiles, font le plein de clients et de leurs moutons dans des conditions à la fois loufoques et dramatiques. Ces transporteurs clandestins ont une préférence particulière pour les clients ayant plus ou moins le même itinéraire.

La course varie, selon le kilométrage, entre 500 et 1.000 dinars. Quelques uns arrivent à faire 5.000 DA par course et même davantage. «Cette période d’avant-Aïd est une véritable bénédiction pour eux, probablement une manière d’amortir le prix du mouton», estime un client à Belgaid, passant d’un troupeau à l’autre à la recherche de la bonne bête à sacrifier. Bien entendu, bien que relativement moindre, la situation est presque identique au niveau des marchés de fruits et légumes de la ville. En fait, la circulation automobile s’intensifie à Oran à chaque grande occasion.