L’Algérie ne modifiera pas le niveau de ses exportations de brut pour compenser l’embargo européen sur le pétrole iranien et la possibilité d’un blocage du détroit d’Ormuz par Téhéran.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) n’a préparé aucun plan pour parer à la baisse de l’offre sur le marché du brut qu’induirait l’embargo décrété par l’Union Européenne sur le pétrole iranien, a indiqué le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi. L’Algérie n’a aucun projet d’augmenter ses exportations pétrolières pour compenser une éventuelle baisse des exportations iraniennes, a-t-il ajouté. «Nous avons un programme en matière d’exportation de pétrole (…) qui ne sera pas modifié», a précisé Yousfi en réponse à une question sur l’éventuelle augmentation par l’Algérie de ses exportations pétrolières si l’Iran venait à suspendre ses exportations de pétrole en raison de l’embargo occidental. «Nous n’avons pas évoqué, au sein de l’Opep, d’augmentation de la production», a-t-il dit, souhaitant que «les prix demeurent stables et ne reculent pas du fait de la crise financière que connaît l’Europe». A une question sur la révision de la loi sur les hydrocarbures en vigueur depuis 2007, Yousfi a indiqué que le nouveau projet de loi «est à l’examen». Le ministre avait auparavant déclaré que la nouvelle loi ne reviendra en aucun cas sur la règle des 51/49%, qui permet aux entreprises nationales de détenir la majorité des parts dans le cadre des projets de partenariat dans le secteur des hydrocarbures. Les amendements qui seront introduits concernent essentiellement les incitations fiscales dans le cadre des projets d’hydrocarbures concrétisés par Sonatrach avec ses partenaires étrangers, a précisé Yousfi.
Sonatrach s’approvisionnera auprès de ArcelorMittal
Les pouvoirs publics ont décidé, semble-t-il, à donner un coup de pouce au géant de l’industrie sidérurgique ArcelorMittal, qui se trouve en situation de crise. La solution, selon les responsables algériens, est d’accorder la priorité à la production nationale pour encourager l’économie et réduire la facture d’importation. Dans ce sens, Youcef Yousfi a fait savoir que le groupe Sonatrach avait conclu plusieurs contrats avec la filiale ArcelorMittal Annaba, spécialisée dans la production d’oléoducs et de gazoducs, citant notamment le contrat conclu en 2010 relatif à la fourniture de 3 000 tonnes de pipeline pour un montant de 360 millions de dinars. ArcelorMittal a également participé à un appel d’offres lancé par le groupe Sonelgaz pour la fourniture de 85 km de pipeline (près de 600 millions de dinars). A cette occasion, le ministre de l’Energie a tenu à démentir l’information selon laquelle le groupe Sonatrach favoriserait les sociétés étrangères au détriment des sociétés nationales en matière d’approvisionnement en pipelines, précisant que le groupe ArcelorMittal ne produit pas tous les pipelines dont a besoin l’entreprise pétrolière nationale, notamment ceux de 20 et 42 pouces de diamètre. Par ailleurs, le ministre a souligné que les entreprises publiques du secteur de l’Energie accordaient la priorité aux sociétés nationales spécialisées pour l’approvisionnement en oléoducs et gazoducs produits localement. «Conformément aux orientations du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, visant à promouvoir la production nationale, des instructions ont été données aux entreprises du secteur concerné en vue de traiter avec les sociétés nationales spécialisées et d’accorder la priorité à la production nationale si celle-ci répond à leurs besoins et aux cahiers des charges», a dit le ministre.
Pas de crise du carburant !
Sur un autre registre, le ministre de l’Energie se veut rassurant quant à la crise du carburant enregistrée ces derniers jours dans quelques wilayas de l’Ouest. Pour lui, ses wilayas sont désormais approvisionnées de façon normale. «La situation est complètement maîtrisée. Les stocks (de carburants) sont élevés dans toutes les régions du pays», a-t-il affirmé, ajoutant que le manque de carburants dans l’Oranie était dû surtout à des «retards dans la livraison». «Il peut y avoir quelques retards dans la livraison et quelques petits dysfonctionnements dans la distribution. Mais le problème de la quantité et de l’approvisionnement est complètement réglé», a-t-il insisté. Selon les explications du ministre, une fois les travaux de réhabilitation de la raffinerie d’Arzew achevés en février, les capacités de cette installation seront augmentées de 50%, ce qui permettra de rétablir l’approvisionnement du marché. Naftal se chargera par ailleurs de l’importation de quantités d’huiles pour moteurs suffisantes «pour couvrir les besoins du marché pour une année», tout en intensifiant le contrôle sur la qualité des huiles commercialisées.
Par Salim Naït Mouloud