Emancipation de la femme en Algérie : Des réussites individuelles mais… la société ne suit pas

Emancipation de la femme en Algérie : Des réussites individuelles mais… la société ne suit pas
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Si dans le domaine de la politique, qui demeure «misogyne» au grand dam des militant(e)s féministes, il reste beaucoup à faire en matière de représentation de la gente féminine, sur le plan social.

En revanche, et cela toutes proportions gardées, il faut reconnaître que les femmes algériennes ont enregistré des acquis indéniables, même si, là encore, du travail reste à faire.

Ce qui est remarquable à signaler, aussi bien pour le simple novice que le spécialiste, est que là où, il y a à peine une vingtaine d’années, l’«intrusion» de la femme était quasi inimaginable, l’Algérienne a, aujourd’hui que les choses aient positivement évolué avec en prime plus d’ouverture et de moins en moins de contraintes, réussi le «forcing» de se faire accepter par la société à tous les degrés de responsabilité.

Mais elle a surtout démontré que lorsque la volonté y est, tous les verrous sautent. Aujourd’hui, les femmes ont cassé certains tabous de la société comme sortir la nuit, accéder à des postes de responsabilité importants, travailler et étudier etc. Elles osent ainsi des sorties shopping, acheter une voiture et arborer, toute éclatante de beauté, des habits, sans qu’elles en soient inquiétées.

Toutefois, ceux qui appellent à plus d’émancipation sociale de la femme algérienne, affirment que la société, qui est la nôtre, continue de trainer ses vieux boulets avec leur lot de contraintes, d’interdits et d’injonctions.

Sur ce point, les mentalités sont restées comme «figées», on se laisse même à dire qu’une sœur, une épouse ou une mère qui ‘’sert’’ son frère, son mari ou son fils, relève presque d’un acte «machinal», naturel voire classé dans le domaine du banal.

«C’est parce qu’on a été élevés ainsi», disent certains. Il n’en reste pas moins que les générations actuelles reprennent presque mécaniquement les vieux réflexes (et réflexions) de leurs mères et grands-mères, et redessinent les mêmes contours d’un même schéma qui n’a pas pris la moindre ride au fil des générations. L’on n’est donc pas près de sortir de ce cercle vicieux qui consiste à dire que la femme n’est faite que pour les tâches ménagères.

C’est dire que la femme algérienne a fait des avancées colossales sur le plan individuel mais que la société n’a pas suivi puisque les mentalités sont demeurées en l’état, à quelques exceptions près.

Une situation dans laquelle la femme a une large part de responsabilité dans la mesure où en élevant ses enfants elle n’hésite pas à reproduire les même réflexes à élever la sœur sur la nécessité de servir le frère.

A défaut d’être reconnues par la société, les femmes algériennes sont allées «se prendre en charge elles-mêmes », estime Mme Nassira Merah sociologue et militante de la cause féminine. Pour cette dernière, les femmes dans la société algérienne «ont, non seulement réussi, mais elles y sont devenues incontournables».

Selon elle, les Algériennes ont, certes, leur place au sein de la société mais elles n’y sont malheureusement pas reconnues. La sociologue ajoute que plus elles sont instruites, plus les femmes sont redevables envers la société; et plus elles travaillent plus elles s’«écrasent» pour prouver qu’elles n’ont, en rien, usurpé leur «statut» de travailleuses.

Conséquence, un préjudice et une «violence énorme» qu’elles n’arrivent pas à exprimer. Dans la société algérienne, «on fabrique une femme pour en faire quelque chose», résume-t-elle enfin en guise de conclusion.

Younes Djama