La mesure prise par les autorités communales de cette mairie va à l’encontre de la loi.
Les responsables de la commune de Tinebdar, à 50 km du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa, viennent de prendre la décision de se «désengager» totalement de la gestion des écoles primaires. L’édile communal et son équipe entendent «protester» contre «le mépris affiché par la direction de l’éducation, la situation dramatique que vivent les écoles de la commune, leur mauvaise gestion par certains directeurs, le boycott systématique des inspecteurs de la zone de Sidi Aïch des réunions du conseil d’administration présidé par le maire etc».
Ce sont là, les arguments avancés par l’équipe aux commandes de cette municipalité pour expliquer leur gestion qui n’est pas tout à fait injustifiée si on considère la situation des écoles dans la wilaya de Béjaïa marquée par des carences, souvent à l’origine des mécontentements des parents d’élèves et de la baisse du niveau des élèves.
Quand bien même la mesure prise par les autorités communales de Tinebdar va à l’encontre de la loi, elle a, cependant, le mérite d’une alerte qui arrive à point nommé pour inciter à un débat sérieux sur la triste réalité qui règne au sein des écoles primaires à travers tout le pays. Un débat s’impose sur la gestion de ces établissements censées donner les premières bases de formation aux futures générations et qui sont les moins loties du système éducatif national.
Chaque année, ces structures de base du système éducatif national font parler d’elles non pas en matière de qualité mais au sujet des difficultés qu’elles rencontrent dans le fonctionnement.
Gérée par une seule personne, en l’occurrence le directeur, qui porte tout sur ses épaules. Un personnel, dont une partie dépend du ministère de l’Education et l’autre de la collectivité locale, l’école primaire algérienne vit une triste réalité, qui se répercute négativement sur la scolarité des enfants dont la base de formation est souvent à l’origine des échecs répétés au niveau des paliers supérieurs.
Elles ont une double dépendance. Le ministre de l’Education et les collectivités locales cogèrent ces institutions avec toute la complexité de la situation. Depuis la rentrée scolaire, le cas des écoles primaires est sur toutes les lèvres. Autant chez les parents qu’auprès du corps enseignant, la situation est décriée.
Les écoles primaires se vident en campagne et s’encombrent en ville. L’école primaire de Sid Ali Labhar à Béjaïa est un exemple assez illustratif de cette situation précaire que vivent de nombreuses écoles de la wilaya de Béjaïa et probablement dans tout le pays. Plus de dix divisions, un seul directeur et un concierge. Tout est centré sur ces deux personnages. Si les enseignants n’ont de responsabilité que sur leur propre classe, celle du directeur porte sur une dizaine de classes.
Le concierge a quant à lui la responsabilité de l’accueil et du nettoyage. C’est en fait un CEM, dépourvu du personnel adéquat. De nombreuses écoles sont dans cet état et l’on continue toujours à les gérer sur la base de la loi n° 90-08 du 7 avril 1990, relative à la commune. Cette loi stipule que la réalisation et l’entretien des écoles primaires est du ressort de l’APC et lorsqu’on sait les moyens dont disposent les communes, on comprend vite pourquoi la majorité des écoles primaires reste livrée à elle-même et sombre dans un piteux état.
Par manque de moyens financiers et humains, les collectivités locales n’assument pas convenablement leur mission, à savoir assurer un minimum de bien-être et permettre un bon fonctionnement de ces établissements. Manque flagrant d’entretien, de gardiennage, de chauffage, de travaux de réhabilitation, défaut de paiement de dizaines de factures d’eau, d’électricité et de téléphone, autant d’insuffisances qui font parler d’elles à chaque rentrée scolaire.
Il arrive même que le matériel pédagogique et autres équipements utiles ne soient pas disponibles. Aujourd’hui, les écoles primaires sombrent davantage d’une année scolaire à l’autre. Les promesses des pouvoirs publics d’accorder une autonomie financière ou l’octroi d’une subvention conséquente ne viennent toujours pas. Jusqu’à quand?