Éloigné du pouvoir depuis son AVC le 24 octobre 2018: Ali Bongo continue de diriger le Gabon à partir du Maroc

Éloigné du pouvoir depuis son AVC le 24 octobre 2018: Ali Bongo continue de diriger le Gabon à partir du Maroc

Son absence remarquée à la cérémonie de célébration du 51e anniversaire du Parti démocratique gabonais (PDG) a relancé le débat sur la capacité d’Ali Bongo Ondimba à diriger le Gabon jusqu’à la fin de son mandat en 2023.

La rue gabonaise bouillonne depuis des semaines et réclame la départ du président Ali Bongo Ondimba, en convalescence prolongée depuis le 24 octobre 2018, après l’accident vasculaire cérébral qui l’a éloigné du pouvoir depuis. Hospitalisé durant plusieurs semaines en Arabie Saoudite, le président gabonais se trouve actuellement au Maroc, où se sont ses ministres qui se déplacent pour expédier les affaires courantes et échanger avec lui sur les questions liées à l’actualité du Gabon.

Cette absence prolongée inquiète de plus en plus les Gabonais qui avertissent contre “les conséquences néfastes de cette situation sur le fonctionnement normal de l’État”, lit-on dans une déclaration d’une coalition de l’opposition publiée mardi par la presse locale. Rassemblés autour d’un groupement de partis politiques de l’opposition, dénommé PG-41, ces mouvements ont dénoncé ce qu’ils qualifient de “mises en scène” du gouvernement pour cacher la vérité “sur les capacités réelles du président de la République à assumer ses fonctions”. Faisant référence aux partisans de Bongo, les leaders de l’opposition estiment que “la situation n’est pas aussi simple qu’ils le disent. Elle est grave”.

Et d’expliquer que “le Conseil de ministres qui est l’organe de décision du pouvoir ne se tient plus normalement”, lit-on dans les colonnes du journal local L’Union. En face, les autorités essaient de calmer la rue et l’opposition en usant des menaces envers tous ceux qui réclament le départ d’Ali Bongo. Dans un communiqué du Premier ministre Nkoghe Bekale, le gouvernement s’est attaqué à “certains compatriotes, leaders de partis politiques, responsables syndicaux, membres de la société civile” qu’il accuse de commettre “des actes et des propos désobligeants à l’égard des personnalités politiques”, et d’appeler “à la désobéissance et à la rébellion contre les institutions régulièrement établies”, a rapporté le quotidien en ligne Info24.

Selon toujours ce journal, en l’absence du chef de l’État, “la confiscation du pouvoir du peuple s’organise de plus bel”, expliquant qu’“après avoir fait des pieds et des mains pour faire élire Faustin Boukoubi à la tête de l’Assemblée nationale gabonaise, la présidente de la Cour constitutionnelle Marie Madeleine Mborantsuo prévoirait déjà de pallier les ennuis de santé d’Ali Bongo”, en manœuvrant afin que la présidente du Sénat, Lucie Milebou-Aubusson, puisse achever le mandat du président, en cours jusqu’en 2023.

Selon le journal Lettre du continent, la haute magistrate dispose du soutien de Pascaline Bongo et du directeur de cabinet d’Ali Bongo, Brice Laccruche Fargeon, pour trouver une parade à la vacance du pouvoir à Libreville. Comme dans une majorité de pays africains où le viol de la Constitution est monnaie courante, au Gabon la présidente de la Cour constitutionnelle compte aussi outrepasser les règles du jeu politique en modifiant la première loi du pays. “Il est prévu de modifier le fameux article 13 de la Constitution pour y ajouter, comme en République démocratique du Congo, que le président de l’Assemblée nationale achève le mandat présidentiel en cas de défaillance du président de la République”, rapporte la presse locale.

Lyès Menacer