A l’approche de chaque fête religieuse, les pères de famille se trouvent confrontés à des situations des plus embarrassantes et éprouvent d’énormes difficultés pour faire face aux dépenses faramineuses qui accompagnent ces occasions. A l’achat de vêtements neufs et des jouets pour les enfants et des produits essentiels pour la fabrication de gâteaux, s’ajoute une importante somme d’argent à consacrer pour les déplacements chez les parents et les proches.
Et comme les fêtes religieuses tombent, ces dernières années, à la même période que la rentrée scolaire, les pères de famille sont souvent soumis à rude épreuve, eux qui doivent, coûte que coûte, satisfaire aux besoins multiples. Avec l’érosion constante du pouvoir d’achat de l’écrasante majorité des Algériens, en raison de la flambée incessante des prix, la notion de joie et de gaieté qui devrait accompagner ces occasions ont disparu cédant la place à l’appréhension et l’inquiétude.
«Pour un simple fonctionnaire, ces fêtes représentent un monstre contre lequel il faut se battre. Comment voulez-vous qu’un employé qui perçoit un salaire de misère puisse pallier les multiples besoins de la vie quotidienne et ces occasions devenues de plus en plus coûteuses. Nous sommes entre le marteau et l’enclume, même si nous n’avons pas les moyens nous devons nous débrouiller pour permettre à nos enfants de passer ces fêtes dans les meilleures conditions», soupire un groupe de fonctionnaires d’une entreprise d’espaces verts à Alger.
Encore une fois, ces simples employés sont appelés à mettre la main à la poche pour acheter un mouton pour l’Aïd el-Ad’ha qui sera célébré dans quelques jours. Si certains ont déjà pris la décision de faire l’impasse sur le sacrifice, d’autres essayent de trouver les moyens nécessaires leur permettant d’accomplir la «sunna d’Abraham».
Le recours à l’endettement est inéluctable, mais il faut réfléchir à la manière d’éviter des pressions au lendemain de l’Aïd. «Je vais emprunter un peu plus de 20 000 DA auprès de trois amis qui m’accorderont six mois pour le remboursement.
Je n’ai pas d’autre choix et il n’est pas question que je prive mes trois enfants de la fête, surtout que tous mes voisins ont déjà acheté des moutons», dit Saïd, la cinquantaine, ajoutant que ce procédé est appliqué par des milliers de fonctionnaires qui tiennent à observer ce rite religieux.
Dans les espaces publics, les cafés et les moyens de transport, les dépenses relatives à cette occasion, dominent les discussions et tout le monde s’accorde à dire que les conditions socio-économiques fragiles dans lesquelles se débattent des centaines de milliers de familles algériennes ont fait perdre à l’Aïd son goût d’antan.
«Au lieu d’éprouver une allégresse à l’approche de l’Aïd, les pères de famille sont tourmentés et font tout pour éviter le sentiment de honte qu’ils éprouveraient s’ils s’avouaient incapables d’offrir le mouton à leur famille», dit Aâmi Ali, septuagénaire.
A.H