Création d’une agence de location des voitures. C’est l’un des services proposés par l’Agence nationale du soutien à l’emploi de jeunes (ANSEJ), l’un des créneaux préférés des postulants. Aujourd’hui, cela ne semble plus donner le sourire. Et pour cause, les magasins spécialisés dans la location de véhicules neufs ont poussé comme des petits pains en «concurrençant » les magasins d’alimentation générale…
On les trouve un peu partout, parfois plusieurs sur la même rue. Les jeunes choisissaient cette option pour son luxe, la facilité d’avoir sous la main plusieurs voitures de classe et travailler avec les jeunes du quartier durant les week-ends ou pendant la saison estivale est un travail sans peine qui fait rêver plus d’un. Mais ce que ces jeunes ne savent pas, c’est que ces voitures vont devenir un moyen rendant très facile la mission des voleurs. En effet, de nombreux gérants d’agences de location de voitures à Oran ont avoué que leurs véhicules avaient souvent été utilisés dans des opérations de vol ou d’agression.
Les malfaiteurs préfèrent ainsi les véhicules loués et ce, afin de ne laisser aucune trace derrière eux. D’autres réseaux utilisent ces voitures pour profiter de l’état du moteur et le remplacer par un autre ayant déjà parcouru des milliers de kilomètres. D’autres trabendistes trouvent en ces agences l’opportunité de pouvoir faire le voyage jusqu’à Maghnia, pour des transactions commerciales qui touchent pratiquement tous les produits alimentaires et parfois même ravitailler le marché oranais en produits illégaux, à l’image du cannabis.
Résultat, ces agences de location alimentent indirectement les réseaux de trafic de véhicules. Selon des témoignages requis à ce sujet, les procédures de location de voitures qu’utilisent ces nouveaux gérants ne sont pas très rassurantes, vu qu’initialement le client doit, avant de mettre la main sur le volant, remettre au propriétaire du véhicule un cautionnement, versé en argent liquide, pouvant atteindre jusqu’à 5 millions de centimes. Cette clause est écrite noir sur blanc sur les contrats de ces agences. Quoique cela ne soit pas pris en compte, ce sont, en général, des personnes de leur entourage immédiat que ces gérants ont affaire. Donc, la caution ne leur aura pas été exigée.
DESCENTE AUX ENFERS
«Mes premiers pas dans ce projet ont été très satisfaisants. J’avais enfin ma société et j’avais alors fait des pieds et des mains pour que mon dossier soit à jour. À la fin, je me retrouve au coeur d’une enquête, à cause de certains clients qui se sont avérés être des braqueurs, sans parler des pièces des véhicules qui ont été changées. Ils m’ont tout simplement ruiné et je n’ai donc pas pu continuer», dira l’un de ces gérants victimes. Notre interlocuteur n’est ni le premier et encore moins le dernier parmi les victimes. Selon nos informations, plusieurs agences de location ont déclaré faillite.
Elles se sont retrouvées, au lieu de compter des bénéfices, en train de faire le constat du revers et ont fini par baisser les bras et le rideau également. Pire encore, certaines n’ont pas été victimes de vols, mais ont préféré déclarer aux services de sécurité que leurs voitures avaient fait l’objet de vol à la roulotte, espérant être ainsi remboursés par les compagnies d’assurance, alors que la voiture n’avait jamais été volée et que c’était juste une supercherie visant à se faire un peu d’argent.
Ces jeunes auraient dû, au tout début, penser à un service plus sûr. Mais faute de diplômes, ils ont opté pour la location de voitures. Et après avoir voyagé sur un nuage, voilà la descente aux enfers. Les autres gérants d’agence n’ont donc qu’à faire attention et bien appliquer les lois régissant la location et qui garantissent ainsi la sécurité des véhicules loués et éviter tout tracas. Sinon, ils connaîtront le même destin que leurs collègues.
Mehnane A.
