Le processus de mise en œuvre des licences d’importation a mal démarré. Près de deux mois après leur institution, on enregistre une pénurie de ciment et un blocage des importations de véhicules. La situation est beaucoup plus grave dans l’automobile puisque les licences d’importation ne sont pas toujours débloquées. En d’autres termes, on importe plus de véhicules depuis fin décembre, date du gel des homologations des véhicules décidé par le ministère de l’Industrie. En fin de compte, l’Algérie n’a quasiment pas importé de véhicules conformes à la nouvelle réglementation ou cahier des charges depuis avril 2015.
Du coup, la plupart des concessionnaires ont pu fonctionner en 2015 et début 2016 avec d’anciens stocks. Aujourd’hui, ces stocks sont quasiment épuisés. Le véhicule neuf se fait rare sur le marché. Cette situation a mis en difficulté le secteur automobile. Certains concessionnaires ont déjà réduit leurs effectifs. Les coupes sont circonscrites au réseau de distribution. Elles peuvent s’élargir à d’autres fonctions vitales de ces entreprises. En termes plus clairs, le secteur automobile risque la faillite si les licences d’importation ne sont pas débloquées rapidement.
Selon une source proche du dossier, l’arbitrage en haut lieu sur les critères d’attribution des quotas tarde à s’effectuer en raison de désaccords entre différents cercles d’intérêt.
Ainsi, les griefs contre les licences d’importation refont surface. Plusieurs experts pointent du doigt le manque de transparence, les lenteurs bureaucratiques à son application. Ils considèrent que cet instrument administratif n’est pas efficace en matière de régulation des importations. Il favorise de surcroît la corruption.
Ces spécialistes préconisent d’autres voies plus efficientes à même de réduire de manière significative les importations : en particulier la mise en œuvre de la loi sur la normalisation, la rationalisation du modèle de consommation des Algériens, une fiscalisation des produits de luxe.
Le gouvernement, en dépit de ces critiques fondées, a opté tête baissée pour les licences d’importation. Il oublie que cet entêtement a un coût : une dégradation plus rapide de la situation économique et sociale du pays si les solutions les plus pertinentes suggérées, ici et là, ne sont pas retenues dans la stratégie de riposte face à la crise.