Le mois de Ramadhan cette année aura certainement un caractère spécial et restera à jamais gravé dans la mémoire des 742 familles qui viennent d’être recasées dans des logements décents à Birtouta et Bourouba. Fini la misère, l’exiguïté, le manque d’hygiène, et la clandestinité.
C’est désormais un nouveau départ pour ces familles qui, pour la plupart, ne s’attendaient pas à un tel changement à quelques jours seulement du mois sacré. Un départ qui commence dans la piété et l’ambiance ramadhanesque « Rbahna aala Ramdane »
nous dit-on à la cité 1.680 logements de Birtouta. Ce quartier qui a déjà accueilli des familles de Bab El Oued et de Oued Koriche a été la destination, depuis 5 h du matin, d’un enchaînement ininterrompu de camions mobilisés par la wilaya pour transporter les bagages et mobiliers de 503 familles provenant des chalets de Ali Amrane 06, Bouguerra, Abella, Dergana et Kourifa. L’entrée des camions à la cité se fait au compte-gouttes et les services de sécurité veillent au grain pour éviter une saturation des routes.
Notre accès en véhicule au site n’a d’ailleurs pas été une mince affaire « de toute façon, vous ne trouverez même pas de place pour la garer », nous dit un élément de la police après de longues explications sur la nature de notre travail et la nécessité du véhicule à l’intérieur du site. Au milieu des files de camions nous évoluons, tant bien que mal, pour atteindre le premier îlot. Un bureau d’accueil de l’OPGI est dressé, depuis 5 h du matin, pour accueillir les familles et leur donner les clefs des logements.
Il n’y a pas grand monde ! « Il y a d’autres bureaux au niveau de chaque îlot », nous lance un représentant de la daïra. Une astuce qui a visiblement donné de bons résultats et fait éviter les bousculades. Avant de décrocher le précieux sésame, des décharges sont signés par les futurs acquéreurs « ils sont appelés à fournir un dossier pour la finalisation des procédures administratives d’attribution », nous lance un responsable de l’OPGI. Les bénéficiaires ont tout le temps de préparer ce dossier… en attendant, allons voir les logements !
Nous accompagnons Samir et son père. Ils ont occupé leur appartement de bonne heure. Le père est fou de joie. Samir aussi « nous sommes au quatrième étage », nous dit-il avec son regard innocent. Au pied de l’immeuble, des agents communaux se relayent pour acheminer les meubles et affaires soigneusement emballés dans des boîtes en carton ou dans des gros sachets noirs. Les cages d’escaliers sont avenantes. Rehaussés par une décoration mauresque, ils donnent déjà une idée sur la qualité des logements attribués.
La blancheur du marbre qui fait office d’escaliers rime très bien avec le blanc de la faïence blanche ornée de fins dessins en bleu et marron. Nous accédons à l’appartement 14. Samir nous montre son petit frère qui dort paisiblement à même le sol couvert d’un drap.
La maman est clouée à la fenêtre depuis ce matin, ricane son mari. Celle qui n’a jamais eu de balcons, ni même de fenêtres, pour se rafraîchir les idées a aujourd’hui un beau panorama où elle pourra chasser l’ennui. Elle est tout de même déçue « on a bénéficié d’un F2 pour 5 personnes, j’ai trois enfants… ils ne resteront pas éternellement petits », nous dit-elle. Interrompue par son mari qui lui assure que les F3 ont été alloués aux familles nombreuses, elle fini par remercier Dieu et afficher un grand sourire. Un représentant du bureau d’études qui a réalisé le projet précisera à ce propos que ce site est composé de F2 et F3.
Ce sont cependant des F2 bien aménagées sur une surface de 53m2 habitables. Les F3 s’étalent sur 67m2.
Fin de l’opération dans moins de deux ans !
On s’apprêtant à quitter les lieux, nous apercevons de loin une délégation de hauts cadres de la wilaya devancée par M. Rhaimia, DG des OPGI. Ils se sont rendus sur le site pour s’enquérir du déroulement de l’opération « tout se passe très bien », annonce M. Smail, directeur des logements à Alger.
Le wali délégué de Dar El Beida ainsi que M. Marès, conseiller du wali suivent de près l’évolution des choses. Jusque-là, pas de problèmes… et c’est le cas aussi à la cité 240 logements de Bourouba qui, en ce même moment, reçoit 239 familles issues du site de chalets dit RN38 et du site Kourifa. Les différentes expériences de relogement effectuées ces derniers mois ont de quoi roder les services de la wilaya à ce type d’opérations.
Certains cadres ont même participé à la construction et la distribution des logements pour les sinistrés de Boumerdès lors du séisme, des victimes des inondations de Bab El Oued et encore ceux de Ghardaïa. M. Marès atteste que toute la difficulté de ces opérations réside dans le souci d’être juste et équitable : « Il est très difficile de garantir une justice sociale », martèle-t-il en précisant que les enquêtes administratives et policières mettent la lumière sur des comportements ingérables et des situations uniques.
Le cas des familles qui ont des contrats avec l’AADL est édifiant : « Nous leurs avons demandé des désistements de la part de l’AADL pour qu’ils puissent jouir d’un logement social et ne privent pas un autre demandeur de son droit à l’accès au logement », atteste-t-il.
Autres situations délicates « des familles ont vendu leurs biens immobiliers sous prétexte, ou peut-être c’est vrai, qu’ils sont dans le besoin… c’est un dossier sensible je ne le dirais jamais assez ! » En dépit des contraintes, l’opération d’éradication de l’habitat précaire à Alger prendra fin d’ici la fin de 2011.
Ce programme spécial suivi de près par les plus hautes autorités de l’Etat occupe l’une des priorités des services de la wilaya qui s’attellent, doucement mais sûrement, à effacer les façades ternes et miséreuses des bidonvilles de manière à redonner à la capitale son visage d’antan.
Alger qui compte un total de 45.000 constructions à démolir (entre bidonvilles, chalets, fermes et douérate) a réussi à reloger un total de 10.000 familles (3.010 d’ici octobre). Les 35.000 logements consacrés à ce chantier seront occupés d’ici la fin de l’année prochaine « les premières livraisons se feront dès le début de l’année 2011 » explique-t-il.
La cadence des livraisons s’intensifiera pour toucher l’ensemble des 35.000 bénéficiaires.
Un programme pour le démantèlement des 4.000 chalets d’Alger
Abordant un autre dossier tout aussi important, M. Marès nous confirmera que l’ensemble des chalets érigés à Alger seront démantelés. Selon M. Smail, un programme spécial vient d’être arrêté par les services de la wilaya pour le démontage des chalets dont le nombre s’élève à 4000. Plus d’un millier d’unités ont été jusque-là évacués « l’opération d’aujourd’hui concerne exclusivement les sites de chalets.
C’est la deuxième du genre sur un total de 10 opérations de relogements effectuées depuis mars », annonce M. Marès. Le savoir-faire des sociétés qui ont réalisé ces préfabriqués sera d’un grand apport « ces sociétés vont récupérer ces installations et retaper celles qui peuvent encore servir de bureaux administratifs ».
Les espaces récupérées serviront à égayer les quartiers d’Alger avec des jardins et des espaces de jeux et de distraction. A noter que les nouvelles cités disposent de toutes les commodités nécessaires, d’espaces verts et d’aires de jeu pour les enfants.
Ces cités sont à proximité de structures publiques, dont certaines sont d’ores et déjà achevées et d’autres le seront d’ici octobre, toujours selon la wilaya d’Alger. Ce département est bien décidé à en finir une bonne fois pour toutes avec cette histoire des chalets qui figure sur la liste de ses priorités.
Un autre défi de taille à relever pour le premier responsable de la wilaya et qui compte d’ailleurs, énormément sur l’étroite collaboration de toutes les daïras et APC concernées en particulier, Sidi M’hamed, Bab El Oued, Hussein Dey et Dar El Beïda.
A. Fadila