Avec la cherté de la vie et l’érosion constante du pouvoir d’achat d’une écrasante majorité des citoyens, le travail de la femme s’est imposé comme une démarche incontournable.
Et ce ne sont pas seulement les femmes qui ont fait des études universitaires et ayant des emplois stables qui apportent un soutien indéfectible à leurs époux ou à leurs parents.
Même celles au foyer ont trouvé des occupations rentables et contribuent à l’économie de leurs familles. Certes, il leur est difficile de concilier tâches ménagères et fonctions lucratives, mais ces femmes sont armées d’une volonté d’acier et d’un grand courage leur permettant d’être au four et au moulin.
Le phénomène est, certes, beaucoup plus visible dans les villages de l’intérieur du pays, mais il n’épargne pas aussi les localités limitrophes aux grandes villes du Nord. Il est, en effet, très courant de voir de petits enfants proposer du pain traditionnel et des objets d’artisanat sur les routes, notamment durant la saison estivale.
Ces produits-là sont confectionnés par des mères de famille contraintes d’exercer des activités afin de faire face à la cherté de la vie et à la montée galopante de l’inflation. Ne pouvant quitter leurs domiciles pour aller travailler dans des administrations ou entreprises car ene possèdant pas les qualifications requises, ou en raison du refus de leurs époux de les laisser sortir, ces femmes n’ont, donc, qu’à transformer le domicile familiale en un lieu de travail rentable. Elles ne cèdent pas devant les obstacles et elles ne prennent pas en considération la fatigue et le surmenage. Pour avoir le temps de préparer du pain traditionnel, confectionner des objets d’artisanat ou coudre des habits, elles doivent se lever tôt afin d’avoir le temps nécessaire pour accomplir les deux missions pas du tout aisées. « Ma mère se lève à quatre heures du matin pour préparer le matlouh ( pain traditionnel).
Il faut qu’une grande quantité soit prête avant neuf heures du matin afin que je la vende ici. Elle continue de faire une autre quantité que je vends l’après-midi», témoigne un jeune garçon croisé à la sortie du tunnel de Lakhdaria (Bouira).
Dans cet espace connu pour la vente de cailles, poules, huile d’olive, figues, œufs…, Rafik semble bien trouver son compte. «je travaille bien ici, car les voyageurs qui consomment les cailles, frites ou les œufs préfèrent le pain traditionnel. Ma famille vit de cet argent que je gagne ici.
Mon père est mort depuis plus de dix ans et c’est ma mère qui s’occupe de nous, moi et mes trois sœurs», témoigne cet enfant âgé à peine de douze ans et qui dit n’avoir jamais été à l’école. «Lorsque je grandirai, je ferai le maximum pour rendre ma mère heureuse.
Elle n’a aucun moment de répit, la pauvre, et elle fait tout pour nous élever dignement», promet-il, les larmes aux yeux. Ce récit émouvant renseigne, on ne peut plus clairement, sur le dur labeur des femmes au foyer pour assurer une vie digne à leurs enfants. Veuves ou mariées avec des époux dont les revenus sont limités, elles sont toujours là, debouts, pour apporter leur pierre à l’édifice…
M. F.