Elles atteindraient 160 milliards de dollars en mars 2015 , La chute des réserves de changes de l’Algérie s’accélère

Elles atteindraient 160 milliards de dollars en mars 2015 , La chute des réserves de changes de l’Algérie s’accélère

Selon une publication du Crédit agricole, l’Algérie enregistre également une nette hausse de l’inflation.

“L’Algérie connaît un début d’année difficile en raison de la chute des cours du pétrole”, relève  les Perspectives émergents, une publication de la direction des études économiques du Crédit agricole. “Mais en reconnaissant l’existence d’une crise économique et après avoir remanié son cabinet, le Premier ministre ouvre peut-être la voie à davantage de réformes”, estime le Crédit agricole, dans sa lettre hebdomadaire publiée le 5 juin dernier, constatant que la première conséquence de la baisse des cours du pétrole depuis un an est la chute des revenus pétroliers (97% des exportations).

Ceux-ci avaient déjà chuté de 73 milliards de dollars en 2011 à 60 milliards de dollars en 2014, indiquent les économistes du Crédit agricole, ramenant le solde du compte courant de 17,7 milliards de dollars à -9 milliards de dollars, soit le premier déficit courant depuis la fin des années 1990.

Sur les quatre premiers mois de l’année 2015, note le Crédit agricole, les performances commerciales ont continué à se dégrader. La balance commerciale a enregistré un déficit de 4,3 milliards de dollars, alors que les exportations étaient de 40% inférieures à la même période un an plus tôt. Les importations, de leur côté, ne reculaient que de 8%.

“Une baisse qui peut s’expliquer par la mise en place de restrictions sur des importations, mais aussi par une dépréciation du taux de change de plus de 18% depuis un an”, analysent les économistes du groupe bancaire français. Selon ces derniers, les réserves de changes de l’Algérie “sont donc en baisse, et elles atteignent 160 milliards de dollars en mars 2015 (soit -18 milliards de dollars depuis janvier 2015), leur niveau le plus bas depuis 2010”.

Les réserves officielles de changes (or non compris) se sont contractées à 178,938 milliards de dollars à fin décembre 2014, contre 194,012 milliards de dollars à fin décembre 2013. Après un recul de près de 15 milliards de dollars en 2014, la chute des réserves de changes de l’Algérie s’est accélérée durant les trois premiers mois de l’année en cours.

Le Crédit agricole évoque, également, une nette hausse de l’inflation. “La dépréciation du taux de change qui renchérit les importations, mais aussi une mauvaise saison agricole (les récoltes céréalières de 2014 étaient en baisse de 30%), a eu un effet inflationniste”, soutiennent les analystes du Crédit agricole.

“Au rythme où les réserves de changes ont chuté (-20% depuis avril 2014), et au niveau actuel des prix du pétrole (60 dollars le baril), il faudra moins de cinq ans pour épuiser les réserves en devises de l’Algérie”, prévoient les économistes du groupe bancaire français, rappelant les propos du Premier ministre Abdelmalek Sellal, pour qui une “rationalisation” des dépenses est devenue nécessaire. “L’entrée conjointe en déficit du solde courant et du solde commercial sur le premier tiers de l’année 2015 illustre deux grands défis. Le premier étant le système de subvention qui pèse sur les finances publiques. Le maintien de prix de l’énergie bas pour la population (25% en dessous du coût de production) se traduit par une hausse effrénée de la consommation (celle du gaz a progressé de 10%/an sur 2004-2014, alors que la production de gaz baissait de 10%), ce qui réduit les capacités d’exportation et les revenus. Mais dans un contexte où l’inflation est en nette hausse, peu de politiciens emboîtent le pas des discours plus réalistes du Premier ministre. Le deuxième défi concerne les efforts de diversification de l’économie. Là, ce sont le climat des affaires, la réglementation des changes, la réglementation sur le crédit et sur le foncier, l’attitude de l’administration vis-à-vis du secteur privé, le système éducatif, la distorsion des prix induite par l’action publique, les rentes à l’importation, la gestion des entreprises publiques, parmi d’autres défis, qui doivent être foncièrement améliorés”, commente le Crédit agricole.

M. R.