Situé dans un quartier chic d’Es-Sénia, en plein cité de villas, et ne nécessitant pas de travaux de déblayage, le lot -à très forte valeur ajoutée- a de quoi aiguiser les appétits, d’autant plus que sa superficie est de 3.000 mètres carrés.
Ce lot était convoité par des fonctionnaires de l’ombre qui ont l’avantage d’exercer dans des administrations qui font la pluie et le beau temps en matière de foncier. C’est ce qui ressort des déclarations d’une source, généralement très bien informée et proche du dossier.
En effet, le terrain était destiné à la construction de 10 villas par la CNEP dans une cité à Es-Sénia. Pour des raisons que l’on ignore, le projet qui devait comporter la construction de 155 villas, près de Sidi El Khiar, n’a finalement vu que 145 constructions aboutir, encore que près d’une dizaine d’entre elles a été vendue à l’état de carcasse en R+1.
Chaque villa est bâtie sur une superficie de 300 m², ce qui explique que le terrain convoité soit d’une superficie totale de 3.000 m². Cette concupiscence explique pourquoi les propriétaires des villas -les premiers acquéreurs- attendent depuis 1995 leurs actes de propriété.
A chaque fois que ces derniers montaient au créneau pour revendiquer leurs droits, les différents intervenants se rejetaient la balle, ballottant les intéressés de la CNEP, vers la direction des Domaines, incriminant au passage l’APC d’Es-Sénia ainsi que la daïra. Las de faire d’incessants va-et-vient entre les deux premières administrations, les propriétaires se résigneront à baisser les bras.
«Nous ne pouvons même pas assurer nos biens auprès d’une compagnie d’assurances, alors que cette mesure est obligatoire en regard de la loi, car nous ne possédons pas d’actes», nous déclarera B. Abdelkader, un ancien député de l’APN. Les résidants de la cité ont, bien sûr, entendu parler de personnes qui voulaient acheter le lot, mais comme rien ne semblait se produire, ils ont fini par mettre l’information sur le compte de la rumeur.
En attendant, ces deniers ont cotisé et mis du tuf sur le terrain pour en faire une aire de football pour leurs enfants qui dépassent la vingtaine pour la plupart. Le chef de la daïra d’Es-Sénia nous dira que les actes sont prêts et que les acquéreurs peuvent les retirer auprès du notaire. Ce dernier (le notaire) sera contesté par les propriétaires car ils ne veulent pas se faire arnaquer. «Nous ne voulons pas que le notaire établisse les actes selon les prix actuels.
Nos villas ont été achetées à une époque précise et chacune a son prix sur la décision d’attribution. S’il y a retard, ce n’est pas de notre faute. Nous irons en Justice s’il le faut, pour éviter toute arnaque», diront des propriétaires. Le maire d’Es-Sénia, M. Yahia Bounadja, confirmera les dires du chef de daïra: «nous avons contacté le géomètre Zerrouki et nous avons mis tous les moyens à sa disposition pour refaire un nouveau permis de lotir.
Ce faisant, nous avons mis hors circuit ceux qui mettaient les bâtons dans les roues». Concernant les actes, M. Belhadjazi El Ghali Abdelkader, le chef de la daïra d’Es-Sénia, dira que c’est grâce à l’intervention énergique du wali, M. Abdelmalek Boudiaf, et du nouveau DRAG, que la situation a pu être débloquée.
«Les actes des 145 villas et des 45 autres (CNEP) sont prêts et les procédures sont achevées», dira-t-il. Il ajoutera que 3.228 actes qui étaient en souffrance depuis des années au niveau de la DRAG, ont été réglés. Leurs propriétaires peuvent les retirer auprès de la direction des Domaines. Ces actes concernent les lotissements situés dans les communes d’Es-Sénia, El-Kerma et Sidi Chahmi.
Concernant le terrain de 3.000 mètres carrés, que des indélicats voulaient accaparer sous prétexte que tout le lotissement était un terrain nu, le chef de daïra dira qu’il sera utilisé pour la construction d’un groupe scolaire, «une destination pour utilité publique qui le mettra définitivement à l’abri des convoitises», conclura M. Belhadjazi El Ghali. La nouvelle ne manquera, certainement, pas de réjouir les propriétaires des villas de la cité des 155 (-10) villas CNEP.