Elle souffre du manque d’actifs liquides de haute qualité : Focus sur la finance islamique

Elle souffre du manque d’actifs liquides de haute qualité : Focus sur la finance islamique

La finance islamique représente un gros marché dans le pays, certaines banques arabes le savent et veulent y prendre pied.

La finance islamique, les Algériens la préfèrent-ils à la finance conventionnelle ? Une étude consacrée à l’évolution de la finance “halal” dans la région de l’Afrique du Nord, élaborée par l’institut américain Gallup pour le compte de la Banque mondiale, et dont les conclusions ont été rendues publiques il y a quelques mois, a révélé que 49% des Algériens déclarent avoir cette préférence. Cette tendance n’a, cependant, pas été corroborée par des études locales. Mais de manière générale, la finance islamique représente un gros marché dans le pays, certaines banques arabes le savent et veulent y prendre pied.

À l’échelle de l’Afrique, les actifs de la finance islamique s’élèvent à 78 milliards de dollars, soit 5% du total des actifs de cette finance à l’échelle mondiale, c’est énorme. Les banques islamiques représentent 81% des actifs financiers halal sur le continent, contre 7% pour les fonds islamiques, 6% pour l’assurance-takaful, 5% pour les sukuks et 1% pour la microfinance. Le continent noir compte, à ce jour, 96 banques islamiques, 29 fonds islamiques, 31 institutions de microfinance halal et 41 compagnies d’assurance-takaful. Cette finance éthique se développe rapidement au Nigeria, en Afrique du Sud et au Kenya. Elle enregistre une tendance à la hausse au Sénégal, en Mauritanie, en Ouganda, au Ghana et en Éthiopie.

La finance halal est tirée vers le haut par la Malaisie et par certains pays du Golfe. Le nombre des institutions financières halal a dépassé 600 établissements, opérant dans 75 pays. Cette ramification de la finance islamique sera-t-elle intégrée dans le système financier classique international ? Des lobbies, dont certains pullulent dans les paradis fiscaux, poussent à cette intégration, non sans intérêts ? Il est même des Forums économiques islamiques mondiaux (WIEF) qui se tiennent dans des pays européens. Toutefois, la finance islamique fait face à de nombreux problèmes comme le manque de liquidités.

Un handicap mis en relief par l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) qui a estimé, dans un rapport daté du 18 août dernier, que l’adoption des normes de Bâle III (des normes relatives aux banques classiques) est de nature à permettre aux banques “Charia compliant” de pallier le manque d’actifs liquides dont elles souffrent aujourd’hui. “L’introduction du ratio de couverture de liquidités (LCR) pourrait répondre aux faiblesses de long terme du secteur, en particulier le manque d’actifs liquides de haute qualité (hors cash et réserves auprès des banques centrales)”, a-t-elle indiqué.

Le seul défi auquel feront face les banques islamiques qui adopteraient les normes de Bâle III est le traitement réglementaire qui sera réservé aux comptes de partage de profits et de pertes (PSIA) dans le calcul des ratios LCR et du ratio de liquidités de long terme (NSFR), selon S&P. En effet, ce traitement aura un impact direct sur les besoins en liquidités des banques islamiques. L’agence de notation a, par ailleurs, relevé que les normes de Bâle III peuvent contribuer à renforcer la finance islamique, dans la mesure où l’augmentation des exigences en capital devrait accroître la résilience du secteur.

“À terme, l’introduction de nouveaux tampons de fonds propres permettra aux banques islamiques de mieux répondre à la nature cyclique des économies des pays et des secteurs dans lesquels elles opèrent”, a précisé l’agence. S&P a également noté que la révision de la définition des fonds propres aura un impact limité sur la qualité des fonds propres des banques islamiques, qui sont déjà en grande partie constitués de capitaux tiers.

Y. S.