Elle se tiendra après-demain à Biskra, sans ordre du jour précis Tripartite : que peut-on en attendre ?

Elle se tiendra après-demain à Biskra, sans ordre du jour précis Tripartite : que peut-on en attendre ?

Même s’il leur arrive de rechigner contre tel projet ou telle décision du gouvernement, les partenaires sociaux admis aux conclaves tripartites finissent toujours par faire contre mauvaise fortune bon cœur.

La réunion tripartite gouvernement-patronat-UGTA, qui se tiendra dans deux jours, est exceptionnelle par deux aspects : elle n’aura pas lieu à Alger, comme de coutume, mais à Biskra et, jusqu’à hier, son ordre du jour n’avait toujours pas été communiqué aux partenaires sociaux.

Du moins pas dans le détail souhaité. En effet, des représentants des organisations patronales membres de la tripartie et des voix autorisées au sein de la Centrale syndicale UGTA nous ont avoué, avec une note de dépit, n’avoir pas été informés de l’ordre du jour précis de la réunion. À l’évidence, le gouvernement n’a pas estimé nécessaire de les associer à l’effort de réflexion autour des dossiers qui seront au menu du conclave, si des dossiers s’y trouvent inscrits, bien entendu.

Il semble s’être suffi du générique annoncé au milieu de l’été, à savoir que la production nationale en constituera le dossier central. En juillet dernier, en effet, le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, présidant une réunion préparatoire de la tripartite, avait affirmé que la réunion de Biskra sera axée essentiellement sur le comment encourager et booster la production nationale. Il avait cité, d’ailleurs, 14 secteurs qui retiendront l’attention de la tripartite.

Ceux, a-t-il indiqué, où la facture des importations est élevée. Soit, mais ce menu prédéfini ne devrait pas dispenser le gouvernement d’un effort d’élaboration de moutures à soumettre à ses partenaires sociaux pour enrichissement. À plus forte raison en ce moment où l’Exécutif, surpris par la crise financière, se trouve contraint à un changement de trajectoire en matière de politique économique.

Or, le gouvernement ne s’en est pas formalisé, habitué, peut-être, à voir ses élaborations solitaires souvent cautionnées par le patronat et la Centrale syndicale. Même s’il leur arrive de rechigner contre tel projet ou telle décision du gouvernement, les partenaires sociaux admis aux conclaves tripartites finissent toujours par faire contre mauvaise fortune bon cœur.

D’ailleurs, ils ne réclament même plus la renégociation du pacte économique et social qui, contracté du temps de l’opulence financière, se retrouve inadapté à la situation de crise, laquelle impactera forcément négativement le développement économique. Par une telle attitude qui frise le soutien inconditionnel, les partenaires sociaux encouragent le gouvernement à se passer de la négociation comme mode de gouvernance. Les différentes tripartites n’ont d’ailleurs jamais été des lieux de négociation.

C’est, aussi, pour éviter que le rendez-vous soit un moment de contre-propositions aux choix du gouvernement que les syndicats autonomes, de loin plus représentatifs dans nombre de secteurs d’activité, se retrouvent exclus de la tripartite. Avec les seules organisations patronales et l’UGTA comme partenaires associés à la réunion, le gouvernement est assuré de valider, sans coup férir, sa politique d’austérité.

Les patrons n’ont pas l’intention de gêner le gouvernement. Ils se limitent à réclamer le vague concept du consensus pendant que le débat porte — la polémique entre Bouchouareb et Rebrab l’atteste au besoin — sur la liberté d’investir. Un thème que, de surcroît, soulève inévitablement le dossier central de la tripartite de mercredi : la production nationale.

Car l’encouragement de la production nationale suppose l’encouragement de l’investissement national. Ce que les actes du gouvernement ont manqué de traduire jusqu’ici. S’agissant de l’UGTA, on ne se fait plus d’illusion sur sa position. Elle s’est déjà félicitée de ce que la loi de finances 2016 consacre un volume appréciable aux transferts sociaux. Pour le reste, elle est toujours dans le soutien “au programme de Bouteflika”.