Elle accuse les milieux conservateurs d’être derrière la rumeur sur l’enseignement des langues dialectales, juste pour faire barrage aux recommandations de la Conférence nationale sur l’éducation.
“Laissez-nous travailler. Ce chahut qu’on entend par-ci par-là est inacceptable.” Telle était la réponse de la ministre de l’Éducation nationale, Nouria Benghebrit, à la campagne médiatique orchestrée par des cercles islamo-conservateurs qui se disent “défenseurs de la langue arabe” quant à la rumeur faisant état de l’enseignement des langues maternelles, l’arabe algérien, la “darja” à l’école, et la suppression de la langue arabe, des sciences islamiques et de l’histoire, des épreuves du baccalauréat.
Pour elle, l’enseignement de la “dardja” est encore au stade de la
“rumeur”. Mme Benghebrit a indiqué que l’ancien système du baccalauréat est toujours en vigueur en attendant l’officialisation des recommandations de la Conférence nationale sur l’évaluation de la mise en œuvre de la réforme de l’école tenue les 25 et 26 juillet à Alger par une commission spécialisée qui se réunira à la rentrée scolaire.
Analysant les résultats des récents examens de fin de l’année scolaire, la ministre a indiqué que la moyenne nationale dans la matière de langue arabe dans l’examen de 5e (ex-6e) n’a pas dépassé 6,55 sur 10. D’autres wilayas, telles qu’Illizi et Tamanrasset, n’ont pas atteint cette moyenne. Au bac, la moyenne de 9 sur 20 a été enregistrée en lettres arabes et philosophie.
Des non-performances, a-t-elle indiqué. Lors de son passage à l’atelier du primaire, Mme Benghebrit a relevé un chevauchement des compétences de l’inspecteur administratif et celles de l’inspecteur pédagogique avec conséquences néfastes sur le rendement de l’enseignement.
À un mois de la rentrée, juste à peine sortie de la Conférence nationale, la ministre joue contre la montre et enchaîne avec une autre, régionale, pour les wilayas du Sud, la première du genre, qui a regroupé durant quatre jours des responsables centraux des trois cycles de l’enseignement, de l’Onec, des directeurs de l’éducation des wilayas de Tamanrasset, Adrar, Laghouat, Ouargla, El-Oued, Béchar, Tindouf, Ghardaïa, Biskra et Illizi. Un conclave de quatre jours, de mardi à vendredi, avec des ateliers sanctionnés par des recommandations. Un vrai marathon ! Et c’est en académicienne aguerrie que la ministre déclare : “Il faut proposer des solutions pragmatiques applicables à la rentrée prochaine 2015-2016”, invitant les délégations présentes à extraire l’école algérienne du qualificatif de “sinistrée”. Concernant l’impact du climat et de la sociologie des régions sur les résultats, Mme Benghbrit a affirmé qu’il est “inutile de procéder à un classement par wilaya des résultats des examens. Cette conférence vise à analyser cette situation, à trouver des solutions pragmatiques et à les appliquer dès la prochaine rentrée scolaire, pour laquelle toutes les mesures nécessaires seront prises afin qu’elle se déroule dans des conditions normales et sereines”. La ministre a précisé que son département veillait, à travers cette conférence qui sera suivie par d’autres, notamment celle prévue pour les 2 et 3 août prochains au profit d’autres wilayas, à “réduire l’écart” entre les wilayas et même au sein d’une même wilaya. Une sorte d’audit à entreprendre en profondeur pour diagnostiquer ce qui se passe au sein des établissements. Les participants aux ateliers se sont attelés à l’élaboration de feuilles de route différenciées pour chaque wilaya, prenant en compte les spécificités géographiques et climatiques, et autres paramètres. Ainsi, outre leurs recommandations, l’étude et l’analyse de ces données objectives permettront, sans doute, de connaître les raisons exactes de l’obtention de bons ou de mauvais résultats.
Sur les ondes de la radio locale, la ministre a qualifié, jeudi, la rumeur sur l’introduction de l’arabe dialectal dans le cycle primaire de “chahut inacceptable”, avant d’ajouter que “la langue arabe reste la première langue d’enseignement, adoptée dans l’enseignement des autres matières”.
“Il appartient de faire preuve de sagesse et de s’occuper davantage des questions pédagogiques”, a-t-elle affirmé. Faisant état des suggestions formulées par des spécialistes participant à la conférence régionale d’évaluation de la mise en œuvre de la réforme scolaire, elle a appelé à tenir compte, de façon progressive, du background linguistique de l’enfant. “Comment concevoir la dimension algérienne, si le secteur
de l’éducation n’investit pas sur l’aspect innovateur véhiculé par les langues arabe et amazighe”, s’est-elle interrogée.