Elle réalise deux études contradictoires sur l’Algérie : A quoi joue la Deutsche Bank ?

Elle réalise deux études contradictoires sur l’Algérie : A quoi joue la Deutsche Bank ?

Deux années après avoir réalisé une étude mettant en exergue les potentialités et les perspectives intéressantes que présente l’économie algérienne, la célèbre banque allemande Deutsche Bank vient de publier une autre analyse allant complètement à contresens des résultats de la première.

Par A. Bachiri

Deux années après avoir réalisé une étude mettant en exergue les potentialités et les perspectives intéressantes que présente l’économie algérienne, la célèbre banque allemande Deutsche Bank vient de publier une autre analyse allant complètement à contresens des résultats de la première.

Ainsi, après avoir estimé dans la première étude que « l’Algérie est en passe de devenir une puissance énergétique et économique de premier plan dans la région du Maghreb », les analystes de la Deutsche Bank ont pondu un autre rapport où notre pays occupe la queue du classement des pays de l’Afrique du Nord en terme de développement économique, juste devant la Libye qui ferme la marche. Précisant que ce classement concerne « la dynamique économique dans les pays concernée, cette étude place le Maroc en première position. Il est talonné par l’Egypte et la Tunisie.

L’étude de la banque allemande, dont les résultats ont été rendus publics tout récemment et repris par le quotidien londonien Al Hayat, a pris en considération plusieurs critères. Il s’agit notamment de la stabilité macroéconomique, la diversité et la solidité du secteur bancaire et financier, le climat des affaires, l’ouverture économique, le cadrage juridique des investissements étrangers et la stabilité sociopolitique. La Deutsche Bank estime ainsi que « l’économie et la finance algériennes et libyennes sont les moins développées dans la région de l’Afrique du Nord ».

Le rapport en question relève toutefois que les pays de l’Afrique du Nord ont pu réaliser des performances et une croissance appréciables. La croissance et les performances économiques dans cette région sont, ajoute la même source, le fruit d’un bon système bancaire et financier ainsi que les coûts des matières premières, dont la région est l’une des plus riches au monde. L’étude réalisée par les experts de La Deutsche Bank précise que la région de l’Afrique du Nord réalise depuis quatre années une croissance importante qui se situe à 5% en moyenne. Un niveau qui est l’un des plus importants du bassin méditerranéen.

« Cette croissance et l’effet direct des réformes engagées par les pays de la région durant les années écoulées », estime encore la Deutsche Bank. La région représente, selon cette banque, un marché important de 160 millions d’habitants.

Ainsi, le classement accordé à l’Egypte est expliqué par le fait que ce pays représente un marché interne des plus importants en Afrique du Nord. Le classement de la Tunisie, qui occupe la seconde place, est expliqué par le fait que le pays entretient des relations importantes et solides avec l’Union européenne.

L’Algérie et la Libye occupent donc les deux dernières places, les deux pays disposant d’un système bancaire et financier le moins performant et le moins développé de la région. « Le classement du Maroc, qui vient en tête du classement, est le résultat de la dynamique de son économie qui est la plus ouverte et la plus diversifiée de la région de l’Afrique du Nord », précise la même source.

Le climat des affaires au Maroc ainsi que la stabilité politique et macroéconomique du pays, estime encore l’étude, sont les autres facteurs-clés de réussite de ce pays. A cela s’ajoute « la solidité du secteur bancaire et financier du Maroc ainsi que ses bons rapports avec l’Union européenne », souligne encore la Deutsche Bank.

Ce changement radical dans la perception de l’économie algérienne par la banque allemande a-t-il un lien avec l’épisode vécu en Algérie par Stratégica, le cabinet de conseil détenu à hauteur de 51% par Deutsche Bank et dirigé par l’expert en finances El Hachemi Siagh ? Sans nul doute, c’est au mois de juin dernier que le gouvernement algérien avait instruit les institutions et les entreprises publiques pour ne plus traiter avec le cabinet en question, soupçonné de rafler les marchés publics des transactions financières (obligations) par des procédés douteux.

La note du Premier ministre Ahmed Ouyahia contenait également des accusations d’une extrême gravité reprochant au cabinet en question d’avoir franchi les limites tolérées dans la collecte et la divulgation d’informations économiques sur le secteur financier et les entreprises publiques stratégiques.

Si c’est cela qui a réellement fait changer l’analyse que se fait la banque allemande du marché algérien, il faut dire que le procédé n’est pas du tout crédible ni sérieux pour un établissement de renommée internationale.