Elle pourrait être aggravée par le conflit en Libye : La menace terroriste est “réelle” dans le Sahel estime le chef de la délégation de l’UE

Elle pourrait être aggravée par le conflit en Libye : La menace terroriste est “réelle” dans le Sahel estime le chef de la délégation de l’UE

La menace terroriste reste « réelle » dans la région du Sahel et pourrait être aggravée par le conflit en Libye du fait d’éventuelle circulation d’armes qui auraient été pillées par des membres de réseaux terroristes, a estimé vendredi à Dakar la chef de délégation de l’Union européenne au Sénégal, Mme Dominique Dellicour.

« Je crois que la menace terroriste est réelle dans cette région d’Afrique. Mon estimation se base sur ce que je lis et ce que je vois au niveau de l’UE, qui est en train de préparer une stratégie de sécurité pour le Sahel », a déclaré la nouvelle ambassadrice de l’UE au Sénégal, lors d’une conférence de presse. Soulignant que cette stratégie de sécurité s’inscrit parmi les « actions urgentes » de l’UE, Mme Dellicour a relevé que « le conflit en Libye a accru ce risque d’instabilité à cause, éventuellement, de circulation d’armes supplémentaires qui auraient été pillées par des membres du réseau AQMI, et qui pourraient maintenant circuler dans le Sahel ». La stratégie de sécurité pour le Sahel envisagée par l’UE, cible notamment le Niger, le Mali, la Mauritanie, a précisé Mme Dellicour, affirmant que l’analyse actuelle fait état d’une « situation préoccupante » dans la sous-région. « Il y a un dialogue très actif qui est mené dans les trois pays (…) pour consolider la collaboration entre les services de renseignements de ces différents Etats, en vue de renforcer les capacités de réponse et de collaboration sur la base de l’échange d’informations a plus long terme », a-t-elle ajouté. Parmi les pays concernés à travers cette stratégie de sécurité, le responsable européenne a cité également le Burkina Faso et le Sénégal, lesquels doivent, a-t-elle dit, « faire l’objet de ces analyses ».

Toutefois, pour Mme Dellicour, la prévention ne doit pas se limiter seulement à l’aspect sécuritaire mais doit également faire appel à un travail pour « une stabilité inclusive », en élaborant des « programmes d’intégration et de développement au profit des populations de toutes ces régions ».

Il s’agit, a-t-elle indiqué, de travailler à long terme pour essayer de « ramener ces jeunes et ces populations dans le processus de développement et leur donner accès aux services essentiels, à l’emploi pour éviter le développement de toutes ces nébuleuses qui son liées à des petits noyaux d’extrémistes sous le couvert d’AQMI ».

La responsable européenne a également mis en garde contre les individus qui sont, a-t-elle dit, « embrigadés comme supports de trafic et de criminalité dans le Sahel », « une région difficilement contrôlable ».

Par ailleurs, la représentante de l’UE a souligné l’importance de renforcer la lutte contre les réseaux de blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest, rappelant une récente mission de procureurs européens dans la région. Cette mission avait pour objectif l’examen des voies et moyens d’améliorer la lutte contre le blanchiment d’argent dans trois pays pilotes, à savoir, le Nigeria, Ghana et le Sénégal, a-t-elle précisé.

Le rapport élaboré par les procureurs a montré que « les questions du blanchiment d’argent ne doivent pas concerner seulement le secteur bancaire mais aussi les opérations de blanchiment qui passent par d’autres filières non bancaires comme les assurances, le foncier, les notaires, les avocats etc. », a fait savoir Mme Dellicour. Le blanchiment d’argent atteint environ 337 milliards d’euros par an en Afrique de l’Ouest, selon un rapport du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’ouest (Giaba). Pour le Giaba, le blanchiment d’argent est notamment lié à la corruption, au trafic de drogue, d’êtres humains et d’armes, à la contrebande et la fraude fiscale.