Le crédit à la consommation, discuté et adopté par la tripartite de février dernier, sera rétabli dans le cadre de la loi de finances 2015. Et la Banque d’Algérie s’y prépare.
L’institution que préside Mohamed Laksaci travaille à la mise en place de la centrale des risques, une structure indispensable à la bonne conduite de l’outil à la consommation. Mais elle ne sera opérationnelle qu’au deuxième semestre de 2015, selon le gouverneur de la Banque centrale, dans une déclaration à nos confrères de l’Aps. Mohamed Laksaci a expliqué qu’on va créer une centrale entièrement nouvelle sous tutelle de la Banque d’Algérie et qu’une opération de modernisation touche la centrale déjà existante. Et que le lancement de la centrale des risques est précédé par des préparatifs intenses.
La banque des banques semble vouloir se donner le temps et les moyens nécessaires pour mettre en place quelque chose de solide et faire en sorte que le crédit à la consommation ne mette pas les ménages dans des situations vulnérables, qu’il ne soit pas source de problèmes et qu’il ne pèse pas sur l’équilibre des banques. Le crédit à la consommation avait créé plus de problèmes qu’il n’en avait résolu. Il avait profité à des industries étrangères, l’automobile en tête, disposant de simples succursales en Algérie, sans dégager de la valeur ajoutée et contribuer à l’essor de l’économie nationale.
Sa suppression n’en a pas apporté, non plus. C’est par décision contenue dans la loi de finances complémentaire de 2009 qu’il a été abrogé. Par cette mesure, le gouvernement de l’époque voulait brider l’emballement des importations, un objectif pas atteint à ce jour. Le retour du crédit à la consommation semble s’inscrire aujourd’hui dans une nouvelle démarche, celle de soutenir la production locale, et de promouvoir l’intégration industrielle, une approche qui a fait consensus lors de la tripartite de février.
Il est ainsi question d’arrêter des listes des produits éligibles au crédit à la consommation. Exemple, les produits issus de montage dans l’industrie mécanique, ou dans l’électronique dont le taux d’intégration dépasse un certain seuil, susceptibles de créer de la valeur ajoutée et de l’emploi, devraient y être intégrés. Les véhicules Renault, sortis de l’usine d’Oran à la fin de l’année, seront, peut-être, les premiers à l’être.
Mais tout n’est pas réglé en fait pour le rétablissement du crédit à la consommation. Le fait qu’il soit exclusif et pas inclusif risquerait de poser problème dans le court terme. Explication, les entreprises, notamment étrangères, dont les produits ne seront pas concernés, y verraient une sorte de discrimination à leur égard. Le dispositif devrait, toutefois, tenir, l’Algérie n’étant pas encore membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Du coup, elle peut faire valoir la protection et la promotion du produit local, surtout que le contexte international fait qu’aujourd’hui chaque pays se barricade comme il le peut pour préserver ses intérêts. Pourquoi des États s’autorisent-ils à mettre en place ce qu’ils estiment nécessaires pour protéger leurs économies, et pas d’autres ?
Y. S.