La France demeure le 1er fournisseur de l’Algérie avec plus de 6 milliards de dollars
Niche économique en jachère depuis le début des années 1990 avec «l’invasion de la friperie chinoise», l’industrie du textile offre des potentialités insoupçonnées.
«Les Etats-Unis d’Amé-rique ne seront jamais le premier partenaire commercial et économique de l’Algérie», a tranché sec, un diplomate américain expliquant ce fait par des raisons géographiques et culturelles. Ce qui n’est pas vrai, par ailleurs, puisque dans l’agenda de l ‘Oncle Sam, l’Afrique du Nord dont fait partie l’Algérie est une plate-bande de la France. Entre puissants, on s’entend, on ne broute pas dans les mêmes prairies. C’est donc la France qui «comble le vide». Sans grand tapage médiatique, les entreprises françaises entament une véritable offensive en Algérie. Elle investissent les secteurs du textile, de l’industrie et du médicament. Hier, lors du colloque sur les nouvelles technologies pour l’industrie du textile organisé par UbiFrance à Alger, les entreprises françaises ont étalé leur savoir-faire dans le domaine des machines industrielles destinées au secteur du textile et exprimé leur désir de nouer des partenariats avec les entreprises algériennes de confection. Niche économique en jachère depuis le début des années 1990 avec «l’invasion de la friperie chinoise», l’industrie du textile offre pourtant des potentialités insoupçonnées en Algérie. Une main-d’oeuvre très peu coûteuse, une proximité avec le marché européen, un marché interne florissant et de grandes perspectives pour une industrie synthétique à base d’hydrocarbures.
Selon des estimations établies par des industriels, la capacité de production oscille entre 20 et 25 millions de mètres linéaires/an, alors que la demande globale est évaluée à 200 millions de mètres linéaires/an. Ce qui doit donner des ailes aux entreprises françaises. Le même engouement a été constaté dans le secteur du médicament. Toujours en pointe, UbiFrance a orienté les entreprises françaises vers le secteur de l’industrie pharmaceutique en Algérie.
Aussi, cet organisme, très actif, a organisé un colloque en septembre 2012 sur le marché pharmaceutique algérien. «Ce marché repose à près de 70% sur les importations; ces dernières ont sensiblement augmenté (0.8%) par rapport à 2009. Les autorités algériennes cherchent depuis quelques années, à réduire la facture d’importation en favorisant la promotion du médicament générique produit localement», lit-on dans l’annonce au colloque qui a été organisé d’ailleurs en septembre 2012. Un an plus tard, Sanofi investit le marché Algérie. God Job pour UbiFrance! En effet, à la fin de septembre dernier, le laboratoire français Sanofi a entamé les travaux de construction de sa nouvelle usine de médicaments en Algérie.
Implantée sur une superficie de 6,6 hectares au sein du pôle pharmaceutique et biotechnologique de la ville de Sidi Abdellah, cet investissement, le plus grand de la firme française en Afrique a été estimé à 70 millions d’euros. Le site industriel, dont la mise en exploitation est prévue pour 2017, devrait avoir une capacité de production et de distribution de 100 millions d’unités par an, soit environ 80% des volumes distribués par Sanofi en Algérie.
Objet de toutes les polémiques, le marché du médicament est estimé bon an mal an à 1 milliard de dollars. Au plan industriel, la domination française est incontestable. Du marché automobile avec l’usine de fabrication de véhicules Renault à Oran et le marché juteux des transports, notamment dans les tramways. Cette dynamique a connu un réel ressort depuis la visite du président François Hollande, en décembre 2012 en Algérie, sous le sceau d’un «nouvel âge et une continuité». Les deux pays ont convenu alors de dynamiser leurs relations économiques par le biais de partenariats interentreprises de type gagnant-gagnant.
Les 430 entreprises françaises présentes en Algérie emploient plus de 35.000 personnes sans compter les emplois indirects. La France demeure le 1er fournisseur de l’Algérie avec plus de 6 milliards de dollars et son 4e client avec près de 5 milliards de dollars, selon les chiffres des Douanes algériennes. Cependant, les experts économiques estiment que les deux pays sont loin des objectifs. La raison? Beaucoup de contraintes dont le fléau bureaucratique de l’administration algérienne qui étouffe d’abord les Algériens eux-mêmes.