Plus que des soupçons de fraude, c’est carrément une OPA que dénonce la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT). Dès les premières heures du vote, Louisa Hanoune a alerté Premier ministre et ministre de l’Intérieur au sujet du vote des corps constitués.
Les craintes de la première secrétaire générale du PT se sont révélées fondées. «Cela aurait pu aller mieux», disait-elle jeudi en début d’après-midi. Les rapports des observateurs du parti qui parvenaient au quartier général du PT n’étaient, en effet, pas de nature à rassurer : des procès-verbaux signés non seulement par les représentants du PT mais également d’autres partis – hormis le FLN — faisaient état du vote massif de militaires convoyés par bus vers les centres de vote. A Illizi, Djanet, Blida, Laghouat, Oum-El-Bouaghi, Béchar, Oran et à Alger, les nouvelles étaient les mêmes : des centaines de militaires votaient, souvent avec deux ou trois procurations et avec une même consigne de vote. A Sidi M’barek, dans la commune d’El-Harrach, ce ne sont pas moins de 500 militaires qui ont pris d’assaut un bureau de vote. La cellule de suivi installée au niveau du siège nationale du parti est restée en alerte toute la journée. Djelloul Djoudi et Ramdane Taazibt recevaient en temps réel des informations émanant des wilayas.
Dans la matinée déjà, le ton était donné et la direction du parti a aussitôt alerté Sellal et Ould Kablia au sujet du vote des corps constitués. Louisa Hanoune, qui a passé une bonne partie de la journée dans son bureau, a, aux alentours de 15 heures, rencontré les journalistes venus s’enquérir du déroulement des opérations de vote. Outrée et révoltée, elle évoque «un coup de force» et «une énième provocation» en énumérant les bureaux de vote où des contingents entiers se sont présentés pour voter. «Qui veut dresser l’armée contre les populations ?» s’est-elle interrogée, soupçonnant non pas des actes isolés mais une machination savamment menée.
Louisa Hanoune avertit cependant : il ne s’agit nullement de jeter l’opprobre sur l’institution militaire mais de s’interroger sur ce «centre de décision » qui donne des contre-ordres et qui lui rappelle étrangement ce qui s’était passé en Kabylie en 2001. Forte des preuves matérielles fournies par les observateurs de son parti et ceux des autres formations politiques, la secrétaire générale du PT a téléphoné au Premier ministre pour l’alerter et pour, dit-elle, «tenter de trouver des solutions ». Elle demande ni plus ni moins que le vote soit annulé dans les bureaux de vote où les violations sont flagrantes et l’ouverture d’enquêtes judiciaires. A qui profite «le crime» ? Louisa Hanoune accuse ouvertement le FLN d’être le plus grand bénéficiaire de cette opération de fraude puisque non seulement les corps constitués ont, dit-elle, voté plusieurs fois mais ont, en plus, reçu des consignes pour voter en faveur du FLN. «De l’irresponsabilité», commente- t-elle ajoutant que même le fichier électoral mis à la disposition du parti par le département de l’intérieur était tronqué, il est quasiment «inexploitable », déplore-t-elle avant de rejoindre son bureau. La soirée s’annonçait longue…
N. I.