Elle s’érige en modèle pour les autres peuples aspirant à des réformes démocratiques.
Il est entré en fonction dimanche dernier. Il a obtenu la confiance de la Constituante dans la nuit de mardi à mercredi et 48 heures plus tard, le chef du gouvernement tunisien, Mehdi Jomaâ entame une visite officielle de deux jours à Alger. Cette visite est la première du genre pour le nouveau chef du gouvernement tunisien à l’étranger.
Avec tact et diplomatie, M.Jomaâ vient d’effacer la bourde commise par son prédécesseur, Hamadi Jebali. En décembre 2012, l’ancien chef de gouvernement tunisien a pris le sens inverse de l’Histoire.
C’est après un long périple qui l’a mené en Libye, en Egypte et en Italie qu’il s’est décidé à se rendre en Algérie. Une démarche très mal perçue à Alger. C’est du passé. Le nouveau chef du gouvernement a notamment précisé avoir «choisi» l’Algérie pour sa première visite à l’étranger, compte tenu des relations bilatérales «solides» et de «la position privilégiée qu’occupe l’Algérie». «Plus que des relations de voisinage, les liens entre les deux pays sont basées sur une histoire et un destin communs», a-t-il fait observer.
De son côté, le président tunisien Mohamed Moncef Marzouki a adressé un message chaleureux à son homologue Bouteflika pour le rôle qu’a joué l’Algérie dans le soutien du processus de transition démocratique en Tunisie. «Je me remémore avec gratitude le rôle qu’a joué l’Algérie soeur pour appuyer le processus de transition démocratique en Tunisie dans le cadre des relations de coopération privilégiées qui lient nos deux pays et nos deux peuples frères et des liens de fraternité et de solidarité que nous puisons des relations historiques solides», a écrit le président tunisien. «Il m’est agréable de vous adresser ce message aspirant à voir votre excellence partager avec le peuple tunisien ses joies à l’occasion de l’adoption de la nouvelle Constitution du pays à la faveur des festivités célébrant cet événement qui auront lieu à Tunis le 7 février 2014», a souligné le président tunisien.
Dans une étape historique, la Tunisie a adopté une nouvelle Constitution montrant la voie à suivre au reste du Monde arabe. La Tunisie épate et fascine le monde. Elle s’érige en modèle pour les autres peuples aspirant à des réformes démocratiques. Sacrée Tunisie!
Du fait d’une histoire commune, l’Algérie et la Tunisie ont un destin commun façonné depuis l’époque numide en passant par les péripéties de l’histoire tumultueuse durant l’époque ottomane, la révolution d’El Mokrani, la guerre de Libération. C’est en Tunisie que le Gpra et des milliers de familles algériennes ont également trouvé refuge durant la guerre de Libération. Et plus récemment, la tragédie nationale qu’a traversée l’Algérie jusqu’à la révolution du Jasmin de Tunisie.
De toutes ces périodes particulières, la Tunisie a été l’antichambre de l’histoire de l’Algérie. Et l’Algérie n’a jamais lâché la Tunisie. C’est en Tunisie que les propriétaires terriens algériens et les soldats des troupes d’El Mokrani persécutés par l’administration coloniale ont trouvé refuge. C’est cette même Tunisie qui n’a pas fermé ses frontières aux Algériens au milieu des années 1990 alors que les autres pays la fuyaient de peur d’une contamination islamiste.
C’est l’Algérie, répondant à l’appel du défunt président Habib Bouguiba, qui a payé les salaires des employés tunisiens de la Fonction publique au milieu des années 1980 alors que la Tunisie était en proie à une crise aiguë. C’est l’Algérie qui a fait le geste, sans recevoir aucune demande, d’attribuer un chèque de 150 millions de dollars à l’ex-Premier ministre Béji Caïd Essebsi lors de sa visite en mars 2011 à Alger. Que dire de plus, sinon que la Tunisie est le prolongement de la profondeur stratégique de l’Algérie. Surtout en ces moments de trouble au Sahel où se fait sentir le bruit de bottes.
Traditionnellement qualifiées de «privilégiées», les relations algéro-tunisiennes sont promises à une nouvelle dynamique à l’aune de la nouvelle ère de la Tunisie post-révolution. C’est dans le cadre de cette nouvelle dynamique que s’inscrit la visite du chef du gouvernement tunisien, Mehdi Jomaâ.