Plus de la moitié de la production nationale de lait cru n’est pas collectée en Algérie. Si l’on tient compte des statistiques de l’exercice écoulé où il a été produit 800 millions de litres, plus de 400 millions de litres ne sont de ce fait pas exploités car n’arrivant pas aux laiteries.
Cette défaillance dans la collecte a pour cause l’éloignement des éleveurs et aux zones inaccessibles aux moyens de transport. Le retard pris à chaque fois pour l’acheminement de ce produit vers les usines de transformation provoque des méfaits sur sa qualité et devient acide. Afin d’éviter un tel gâchis, les agriculteurs le donnent pour la consommation du bétail. D’où la nécessité d’organiser les accès, d’ouvrir des pistes et d’utiliser des moyens de transport adéquats.
Mahmoud Benchekor, président du Comité interprofessionnel du lait, n’a pas caché sa satisfaction quant aux laiteries qui se sont installées dans les zones reculées. Car, cette décision, avoue-t-il, est en elle-même une solution au problème de collecte. Autre problématique posée par les acteurs de cette filière a trait à la difficulté à satisfaire les besoins nationaux. La demande est estimée entre 4,5 et 5,5 milliards de litres. La production représente à peu près 1/5 de ce que consomme l’Algérien. Le déficit est donc comblé par l’importation. Environ 3 milliards de litres sont ainsi importés annuellement par notre pays afin de faire face à la demande. Ce qui place l’Algérie parmi les gros importateurs de poudre de lait dans le monde.
Pour pouvoir renverser la vapeur et répondre aux besoins par la production, il faut prendre une batterie de mesures. La plus prioritaire est l’alimentation du bétail à travers le développement de la culture fourragère. Il faut pour cela, diminuer davantage les surfaces mises en jachère. Il faut consacrer 200 000 à 250 000 hectares de terres irrigables pour produire du fourrage. Cela va permettre de nourrir 600 à 700 000 vaches à même de produire 3 à 4 milliards de litres par an. Ainsi, presque la totalité de la demande sera satisfaite. Cela passe également par l’introduction de la culture à haut rendement tels que le maïs et la luzerne. Un tel objectif nécessite également d’accorder un maximum de concessions de terres aux agriculteurs. Parallèlement à cette démarche, il y a lieu de consolider les dispositifs d’aide aux éleveurs tels que les moyens hydrauliques, les pivots, le système de goutte à goutte et l’aspersion.
Le soutien du trésor public dans ce sens est évalué à 50%. Une chose est certaine, c’est que la production nationale de lait augmente d’année en année. Les principaux facteurs ayant concouru à cette augmentation sont l’évolution qu’a enregistrée l’effectif des vaches laitières, doublée d’une amélioration du potentiel génétique de ces animaux, ainsi que l’amélioration de l’offre alimentaire par une disponibilité accrue de fourrages verts et l’amélioration des conditions d’hygiène et d’élevage au sein des étables.
B. K