Malgré une mobilisation historique au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo et la mise en place d’un plan de vigilance antiterroriste dans les lieux publics, la France demeure sous la menace des jihadistes présents sur son sol.
Alors que le traumatisme des attentats contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et l’épicerie casher, en janvier dernier, n’est pas totalement dissipé, voilà que la France est ciblée de nouveau par un acte terroriste qui porte visiblement la signature des jihadistes. Hier, peu avant 10h, une usine de gaz industriels près de Lyon a été attaquée par des terroristes. Bilan provisoire : un mort, retrouvé décapité sur place, et deux blessés légers.
La tête décapitée a été retrouvée couverte d’inscriptions en arabe et accrochée à un grillage, selon plusieurs médias français. Pour l’heure, le texte n’est toujours pas déchiffré. Selon une source proche de l’enquête citée par l’AFP, un homme est entré avec un drapeau islamiste à la main dans l’usine, située à Saint-Quentin Fallavier, et il y a fait sauter plusieurs bonbonnes de gaz. Mais, d’après une autre source, un ou plusieurs individus à bord d’un véhicule ont foncé sur l’usine et une explosion s’est produite alors. Et cette même source ne précise pas si le corps de la personne décapitée, un entrepreneur dans le transport de la région lyonnaise, retrouvé à proximité de l’usine, a été transporté sur place ou non. Alors que l’enquête se poursuit toujours, l’auteur présumé de l’attaque, un certain Yassine Salhi, âgé de 35 ans, employé chez l’entrepreneur tué, connu pour ses liens avec la mouvance salafiste, a été interpellé, tout comme son épouse.
Un autre homme a été également interpellé par la suite, après avoir été repéré faisant “des allers-retours suspects” en voiture près du site, mais aucun lien formel n’a, toutefois, été établi à ce stade avec l’attaque, selon une source proche de l’enquête citée par l’AFP. Selon le ministre de l’Intérieur français, Bernard Caseneuve, Yassine Salhi a fait l’objet, en 2006, d’une fiche de surveillance des services de renseignement français pour radicalisation, qui n’avait “pas été renouvelée” en 2008. Cet attentat tant redouté en France depuis de longs mois, de surcroît marqué par une décapitation, marque de fabrique de la nébuleuse de l’État islamique (EI), a vite fait de provoquer une effervescence au sein des hautes autorités françaises qui, certainement, y voient les prémices d’une nouvelle série d’attentats.
En effet, le président François Hollande a dû écourter son séjour à Bruxelles, où il a participé à un sommet européen pour rentrer à Paris afin d’y présider un Conseil de défense. Dans une déclaration à la presse, il a appelé les Français à “ne pas céder à la peur” et a promis “d’éradiquer les groupes et les individus qui sont responsables de tels actes”.
“L’émotion ne peut pas être la seule réponse”, a estimé le président français, pour qui “l’attentat est de nature terroriste”, soulignant “la nécessité de porter des valeurs et de ne pas céder à la peur, jamais”. Il a promis “de faire le travail que les Français attendent de nous : les protéger et, en même temps, établir la vérité, éradiquer les individus qui sont responsables de tels actes”. Pour sa part, le Premier ministre, Manuel Valls, en visite à Bogota, pour qui “le terrorisme islamiste a frappé une nouvelle fois la France”, a ordonné “une vigilance renforcée” sur tous les sites sensibles de la région de Lyon, deuxième ville de France, qui abrite de nombreux sites industriels. Il faut dire que depuis l’apparition de l’EI, la France redoute ses “jihadistes”, ceux qui sont de retour d’un séjour en Irak ou en Syrie. 1 750 personnes étaient “recensées à ce jour pour leur implication à un titre ou à un autre dans des filières jihadistes”, avait indiqué, début juin, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve.
Il avait précisé, en outre, que quelque 130 procédures judiciaires concernant 650 personnes étaient en cours en France pour des activités liées au terrorisme.
Condamnation unanime
Ce nouvel attentat a suscité nombre de réactions en France et à l’étranger. L’Allemagne et la France sont “unies contre la haine aveugle du terrorisme”, a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier. “Les démocrates feront toujours front contre la barbarie”, a renchéri le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy. L’ancien président français, Nicolas Sarkozy, à la tête de l’opposition de droite à M. Hollande et la chef de file de l’extrême droite, Marine Le Pen, ont réclamé des mesures rapides pour, selon Mme Le Pen, “terrasser l’islamisme”.
K. K./AFP