Volonté politique
Les prix de la viande rouge, très prisée pendant le mois de Ramadhan, restent très élevés. Ils demeurent prohibitifs pour une grande partie de la population. Moins chers, les substituts, viande congelée, viande fraîche importée et viande de poulet, demeurent plus attractifs.
Mais qu’il s’agisse de viande rouge ou blanche, les prix peuvent être réduits si les marges entre les intermédiaires et le détaillant sont moins importantes et si l’Etat annihile les pratiques spéculatives.
On peut gagner 10% à 20% de baisse du prix de la viande rouge et autant pour le poulet. Mais si on touche à l’alimentation des ovins et bovins, de la volaille, on peut casser les prix. Comment ?
En produisant localement quantitativement et qualitativement l’aliment du bétail et celui destiné à l’aviculture, en favorisant l’accès des éleveurs au foncier pour la production de fourrages et en facilitant l’investissement dans ces domaines, on réduira le prix de l’aliment qui constitue une importante charge pour les éleveurs et les aviculteurs. Du coup, la viande rouge et le poulet seront plus accessibles. Cette perspective ouvre également une fenêtre d’opportunité pour l’exportation de viande rouge locale connue à l’extérieur pour son excellente qualité.
Mais beaucoup reste à faire pour atteindre ces deux objectifs. D’abord, ces deux défis butent sur l’absence de volonté politique d’organiser et encadrer les deux filières. Le talon d’Achille reste le système de commercialisation archaïque et spéculatif qui inhibe l’effort vers une plus grande productivité. Ce marché est dominé par les intermédiaires qui font la loi. Ces derniers tirent à eux les plus gros profits, orchestrent tantôt la rétention de produits tantôt d’autres pratiques spéculatives, au détriment du petit éleveur et du consommateur. Ce système de distribution est en outre marqué par l’opacité : activités informelles et absence d’un système d’identification des intervenants. Il se pose en d’autres termes un problème d’organisation et d’encadrement de la profession.
Mais le développement de ces deux filières repose également sur les conditions techniques non maîtrisées par la majorité des éleveurs et des aviculteurs qui influent sur la productivité et la santé des animaux. La formation des éleveurs et des aviculteurs, l’apport de la recherche, des spécialistes à la modernisation des deux filières figurent parmi les clés de réussite des programmes de développement de la production de viande.
Encore faut-il que nos gouvernants soient à l’écoute des avis des spécialistes et des professionnels et moins passifs face à cette désorganisation du marché.
K. R