Elle est au coeur de l’IATF 2025 : Ce que la ZLECAf signifie pour l’Algérie et 54 pays africains

Elle est au coeur de l’IATF 2025 : Ce que la ZLECAf signifie pour l’Algérie et 54 pays africains
IATF-2025 : La ZLECAf au cœur des débats

La quatrième édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025), qui s’est ouverte jeudi au Centre international des conférences d’Alger, s’est imposée d’emblée comme une étape décisive dans le processus de mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).

Sous le haut patronage du président Abdelmadjid Tebboune, cette manifestation d’envergure continentale place l’intégration économique africaine au centre des débats, à un moment stratégique de l’histoire du continent.

Qu’est-ce que la ZLECAf et pourquoi l’Afrique en a-t-elle besoin ?

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est un projet phare de l’Union africaine, issu de l’Agenda 2063 (plan directeur de l’Afrique visant à transformer l’Afrique en puissance mondiale de l’avenir).

Son objectif est de créer un marché intégré pour les biens et services, facilitant également la libre circulation des personnes et des capitaux. Avec un produit intérieur brut (PIB) combiné de 3,4 billions de dollars et une population de 1,3 milliard de personnes, la ZLECAf représente le plus grand accord de libre-échange au monde en termes de nombre de signataires.

Cet accord, qui s’inscrit dans la catégorie des accords de libre-échange (ALE), vise la suppression des droits de douane sur 90 % des marchandises dans un premier temps, avec l’objectif final d’atteindre le libre accès pour au moins 97 % des produits et la majorité des services sur le continent. Contrairement à une union douanière, la ZLECAf n’établit pas de tarif extérieur commun vis-à-vis des pays non-membres.

La création de la ZLECAf répond à un besoin pressant pour le continent. L’intégration commerciale a longtemps été entravée par des systèmes de transport déficients, des frontières complexes et un ensemble disparate de législations nationales.

Les barrières commerciales ont rendu les échanges entre voisins plus coûteux qu’avec des nations lointaines. Selon un rapport de 2019 sur le développement économique en Afrique de la CNUCED, en 2017, les exportations intra-africaines ne représentaient que 16,6 % de toutes les exportations, un chiffre bien en deçà de ceux observés en Europe (68,1 %) ou en Asie (59,4 %). La ZLECAf a pour ambition de renverser cette tendance et de libérer le potentiel commercial inexploité du continent.

ZLECAf : Des dirigeants unis pour accélérer l’intégration économique de l’Afrique

L’ouverture de l’IATF 2025 a été marquée par une séance-débat présidentielle, présidée par le Président Abdelmadjid Tebboune. Le panel a réuni des chefs d’État, des vice-présidents et des premiers ministres de plusieurs nations africaines, dont la Mauritanie, la Tunisie, le Mozambique et le Tchad. Tous ont souligné l’importance de la ZLECAf comme un choix stratégique pour l’avenir du continent.

Le Président du Tchad, Mahamat Idriss Déby, a qualifié la ZLECAf de « levier pour la réalisation de la souveraineté économique du continent ». De son côté, le Président du Mozambique, Daniel Chapo, a réaffirmé la détermination de son pays à coopérer pour « transformer la Zlecaf en réalité concrète ».

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La ZLECAf, qualifiée de « projet phare » par l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou, représente bien plus qu’un simple accord commercial : elle incarne une vision stratégique pour une Afrique souveraine, productive et résiliente.

« La ZLECAf est appelée à tirer d’autres projets communs. Pour relancer nos économies, il faut investir massivement et développer le commerce intra-africain », a déclaré Issoufou. Il a appelé les États africains à mobiliser leurs ressources locales, en particulier dans l’agriculture, afin de réduire leur dépendance extérieure.

L’Algérie se positionne en moteur de la ZLECAf et de la coopération panafricaine

Les participants à la foire ont salué le rôle de l’Algérie en tant qu’hôte de l’événement. Le directeur exécutif de la Chambre panafricaine de commerce et d’industrie (PACCI), Kebour Ghenna, a estimé que l’Algérie a clairement démontré sa volonté d’être un « acteur central » dans la concrétisation de la ZLECAf.

« L’importance des moyens mobilisés pour l’organisation de l’événement reflète une vision à long terme : faire de l’Algérie une plateforme régionale où l’Afrique se rencontre pour commercer et investir », a-t-il affirmé.

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Cette perspective a été partagée par Jacinta Kiruthi, directrice exécutive de l’Association panafricaine des petites et moyennes entreprises (AAASME), qui a décrit l’Algérie comme un « pont entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne », en passe de devenir un « moteur essentiel » pour la ZLECAf.

Quels obstacles freinent encore la mise en œuvre de la ZLECAf ?

Si l’enthousiasme est palpable, les intervenants n’ont pas manqué de souligner les obstacles qui freinent encore le commerce intra-africain. Le secrétaire général de la ZLECAf, Wamkele Mene, a appelé les États de l’Union africaine à « unifier leurs efforts pour bâtir un marché intérieur solide », reconnaissant que le contexte mondial est caractérisé par « l’incertitude dans les échanges commerciaux, la montée du nationalisme économique et la protection des investissements ».

Parmi les défis majeurs mentionnés figurent les barrières tarifaires et non tarifaires, les difficultés logistiques, les insuffisances en matière d’infrastructures et le manque de financements adaptés pour les petites et moyennes entreprises (PME).

Le Président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a insisté sur la nécessité de « mener davantage de réformes » et d’investir dans des projets communs, citant en exemple la route Tindouf-Zouérate, construite par l’Algérie.

Vers une Afrique industrielle : produire localement pour consommer africain

Une des visions stratégiques partagées lors des débats a été la transformation de l’économie africaine. Wamkele Mene a martelé l’objectif de la ZLECAf : « Ce changement nous transformera de simples importateurs en producteurs dans tous les secteurs« . Pour y parvenir, il a préconisé le renforcement des infrastructures, la création d’emplois pour la jeunesse et un soutien accru aux PME.

Malgré ces défis, les chiffres restent encourageants. Le commerce intra-africain a connu « une forte reprise » en 2024, dépassant les 220 milliards de dollars, soit une hausse de 12,5 % par rapport à l’année précédente. La Foire d’Alger, qui devrait générer près de 44 milliards de dollars d’accords, est perçue comme un « tremplin exceptionnel » pour les PME.

Le Président tunisien, Kaïs Saïed, a résumé le sentiment général en qualifiant la ZLECAf de « rêve pour tous les Africains, génération après génération ». Un rêve qui, à en juger par l’ambition de l’IATF 2025, est en passe de devenir une réalité.