La présidente du Croissant-Rouge algérien Saïda Benhabiles s’est exprimée hier sur la question de la persistance du phénomène des migrations amenant de nombreux jeunes Africains désespérés à quitter leur pays.
Pour la présidente du Croissant-Rouge algérien (CRA), il faut revenir aux responsables de ce drame humanitaire mettant directement en cause l’intervention de l’Otan en Libye qui, selon elle, «a déstabilisé la région du Sahel, y provoquant la dissémination du terrorisme et l’exode des populations».
S’exprimant à l’émission «l’Invité de la rédaction» de la Chaîne 3, Mme Saïda Benhabiles estime que pour atténuer «un tant soit peu cette souffrance humaine», il faudrait que ceux qui en sont à l’origine assument leur responsabilité, notamment, rappelle-t-elle, ceux qui, à l’ONU, se sont déclarés en faveur d’une intervention en Libye en citant explicitement Bernard-Henri Lévy et Nicolas Sarkozy. «Il faut arrêter de s’immiscer dans les affaires internes des peuples au nom de la démocratisation et des droits de l’Homme», a-t-elle expliqué avant d’ajouter : «Il faudrait qu’on cesse enfin d’exploiter les pays aujourd’hui pourvoyeurs de migrants tiers». Et de dire «ne pas comprendre que la communauté internationale qui, comme pour soulager sa conscience, organise une conférence sur le sujet des migrations et élabore une charte sur la question», se demandant si celle-ci peut contribuer à la solutionner.
Abordant la question des pressions exercées sur l’Algérie pour qu’elle stoppe le flux de migrants désirant joindre le continent européen, la présidente du CRA précisera que «l’Algérie ne cédera pas aux pressions bien qu’elle se soit habituée à ce genre de scénario».
Une nouvelle fois, Mme Benhabiles réitère que «l’Algérie n’est en rien responsable des situations humanitaires créées dans des pays d’Afrique». «Elle n’a pas spolié les biens de l’Afrique, bien au contraire, l’Algérie est le seul pays qui a effacé des dettes à certains pays de l’Afrique pour les aider à se développer», poursuit-elle avant de donner des exemples sur les aides sanitaires apportées aux flots incessants de migrants au niveau de l’hôpital de Tamanrasset, qui livre 37% des prestations sanitaires au bénéfice de ces derniers «et lorsqu’il n’est pas possible de traiter un malade sur place, celui-ci est évacué vers l’un des hôpitaux à Alger», a-t-elle souligné en précisant que l’Algérie n’a pas d’agenda politique derrière ses actions humanitaires. La présidente du CRA ne manquera pas de rappeler qu’au moment où la communauté internationale commémore l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, il y a en Afrique justement un pays qui n’a pu encore concrétiser son droit à l’autodétermination, le Sahara Occidental, en l’occurrence.
Ilhem Tir