Malgré l’empêchement de la marche non autorisée par les autorités, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) a décidé de braver l’interdit et de marcher, une seconde fois, aujourd’hui de la place du 1er Mai vers la place des Martyrs.
Si l’une des revendications des animateurs de la coordination, à savoir la levée de l’état d’urgence, est désormais un acquis, les autres mots d’ordre seront maintenus.
La coordination mobilise ses troupes pour exiger, entre autres, l’ouverture des champs politique et médiatique, le changement et la démocratie ainsi que la justice sociale.
La CNCD a tenu hier une réunion à huis clos pour peaufiner l’aspect organisationnel. Lancée par la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (Laddh, aile Bouchachi), la coordination a vu l’adhésion de plusieurs associations et partis politiques (RCD,
MSD, CLA, Satef, section Cnes, comité de citoyens d’Ain Bénian…). Cependant, au fil des réunions, plusieurs s’y sont démarqués considérant, pour les uns, que «certaines parties» veulent récupérer le mouvement, allusion faite au RCD qui a investi, selon eux, la coordination par le biais des associations qui lui sont inféodées, et pour les autres, comme le PST, que leur revendications n’ont pas été prises en compte.
Le Front des forces socialiste (FFS) qui a pris part à la première réunion de la coordination tenue le 21 janvier est le premier à avoir claqué la porte. Dans une récente déclaration, le premier secrétaire national, Karim Tabbou, a vertement critiqué la démarche de la CNCD et a même réfuté le nombre de 3000 manifestants annoncé par les organisateurs de la marche du 12 février.
«Au lieu de privilégier le questionnement et l’évaluation objective de la situation, les signataires de la CNCD ont préféré la logique des appareils où les gens se suffisent de multiplier les sigles et les activités médiatiques», a estimé Tabbou dans une déclaration au Monde Diplomatique. Pour le FFS qui dénonce «les alliances infrapolitiques», les adhérents de la CNCD n’ont même pas d’ancrage social.
Le RAJ s’est également démarqué de la coordination, tout comme le PLJ de Mohamed Saïd qui attend son agrément ainsi que le mouvement des jeunes dénommé «Algérie pacifique», lancé via les réseaux sociaux et qui a récemment dénoncé lui aussi la «mainmise» du RCD sur la CNCD. Idem pour le syndicaliste Badaoui qui en veut lui aussi au RCD et à la Laddh.
Dans une récente déclaration, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a évoqué un mouvement «minoritaire». Malgré toutes ces défections ainsi que les attaques essuyées par la CNCD, ses animateurs restent convaincus que leur action finira par payer.
S. M.