Ce débat s’impose à nous, a-t-elle suggéré, d’autant “qu’on a fait l’expérience de l’instrumentalisation de la religion” et qu’on est à la veille de la révision de la Constitution.
Les évènements actuels en Égypte, où se concentrent “la révolution” et la “contre-révolution” pourraient inspirer de nombreux pays de la région de par les leçons qu’il convient de tirer, a affirmé hier à Alger la porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune.
Parmi ces leçons : la nécessité de séparer le politique du religieux. Un débat qui avait été lancé au début des années 90 et qui n’avait pas donné lieu, alors, à une position aussi tranchée da la part de la responsable du PT. “L’une des leçons à tirer de ce qui se passe en Égypte : le courant islamiste d’orientation de droite, qui veut s‘imposer par la force, est dénudé. Il y a nécessité donc de séparer entre la religion et l’État et la politique”, a-telle plaidé lors d’une allocution à l’ouverture des travaux du bureau politique du parti. “Quand on voit le nombre de fetwas émises, cela montre la dangerosité du mélange entre la religion et la politique”, a-t-elle dit. Ce débat s’impose à nous, d’autant “qu’on a fait l’expérience de l’instrumentalisation de la religion” et qu’on est à la veille de la révision de la Constitution, a-t-elle suggéré à demi-mots. Autres leçons à tirer de l’expérience égyptienne : le processus révolutionnaire a besoin d’une direction “de gauche, de travailleurs, de syndicalistes pour l’encadrer”, un processus révolutionnaire authentique “doit aboutir à un processus constituant” pour consacrer la volonté populaire et enfin elle met au centre la volonté des peuples à se libérer de l’oppression et à “consacrer la révocabilité”.
Car au parti des travailleurs, contrairement à certaines voix, on ne considère pas la “destitution” de Mohamed Morsi comme un coup d’État. “Le débat n’a pas lieu d’être sur le coup d’État. Cela vise à cacher les véritables enjeux, la nature de la politique des Frères musulmans et le danger de mélanger entre l’État et la religion”, soutient l’ex-candidate à l’élection présidentielle. Selon elle, en Égypte, “l’armée est venue derrière le peuple”. “Le peuple égyptien a ouvert de nouvelles perspectives. Il a démontré qu’il est possible de révoquer des dirigeants à la solde de l’impérialisme”, estime-t-elle. À ses yeux, ce qui se passe en Égypte dérange le monde impérialiste, à telle enseigne que l’administration américaine tente une diversion en faisant pression sur l’armée et en auditionnant au Sénat un expert qui dresse un tableau sombre sur l’Algérie. “La position de l’Algérie dérange l’impérialisme.”
Au chapitre économique, Mme Hanoune a estimé que le redressement de l’orientation économique doit toucher tous les secteurs. “La règle 51/49 est pour nous un minimum, il faut nationaliser à 100%”, a-t-elle plaidé.
Par ailleurs, elle a appelé au gel du processus d’adhésion à l’OMC et de l’accord d’association. Dans ce cadre, elle a qualifié le récent séjour de Manuel Barroso de “source de préoccupation”. Toutes ces questions et d’autres encore seront à l’ordre du jour de la réunion du bureau politique avant de les soumettre à la base en perspective du congrès du parti prévu avant la fin de l’année.
K K