Une tripartite pour désamorcer la bombe sociale
Ce couple phare de revendications des ménages sera défendu corps et âme par l’Union générale des travailleurs algériens lors de la prochaine tripartite qui doit se tenir en principe au mois de février.
La prochaine rencontre entre le gouvernement, le patronat et les représentants des travailleurs qui aura lieu deux mois avant la présidentielle pourrait servir de détonateur à ce scrutin majeur qui ne donne pas l’impression de captiver l’attention des potentiels électeurs, mis à part les observateurs de la scène politique.
C’est dire si encore une fois de plus il va falloir donner de la voix et faire étalage de ses dons d’orateur pour inciter les Algériens à se rendre massivement aux urnes pour élire leur prochain président. La fracture est ouverte. Cela risque de s’avérer insuffisant. Pour faire échec à cet ennemi juré que redoute tout candidat qui se soumet au verdict populaire: l’abstention.

Une sorte de «mépris» affiché par les électeurs vis-à-vis de ceux à qui ils ont accordé leurs voix, leur confiance, et qui n’ont pas réussi à tenir leurs promesses. Une autre manière de leur rendre la monnaie de leur pièce. Une arme redoutable qui est désormais crainte comme la peste. L’opportunité qu’offre la prochaine tripartite qui doit se tenir en principe au mois de février pour décider d’un retour au crédit à la consommation et d’une augmentation des salaires, le Snmg en particulier, constituent deux mesures potentielles pour réconcilier les Algériens avec l’urne mais surtout éloigner les étincelles de cette poudrière sociale afin d’éviter l’explosion.
Les consommateurs n’en peuvent plus avec cette flambée des prix qui n’a épargné aucun produit de consommation: fruits et légumes frais, légumes secs, poisson, viande, pâtes… et celle récurrente de la poudre de lait qui s’est répercutée sur le prix du lait en carton et ses dérivés (yaourt, fromage…) tout en créant une tension sur le lait en sachet qui n’a pas subi de hausse, certes, mais qui se fait rare. Il n’y a qu’à voir ces files d’attente devant les épiceries qui se forment dès le matin à travers l’ensemble du territoire national.
Ce sont ces «pressions» exercées sur les produits de première nécessité qui constituent les ingrédients de l’explosion sociale et qui ont réduit en peau de chagrin le pouvoir d’achat des consommateurs.
Une paupérisation rampante qui n’a cessé de renforcer les rangs des laissés-pour-compte. Plus d’un million et demi de citoyens ont bénéficié du couffin du Ramadhan l’année dernière. A force de tirer sur la corde, elle peut finir par casser. Le quotidien des citoyens est devenu insupportable. Des signes avant-coureurs de la révolte sont clairement identifiés. Il faut garder en mémoire les émeutes du mois de janvier 2011.
Des jeunes Algériens se sont révoltés contre la hausse des prix de certains produits alimentaires de base (huile et sucre). Ce qui a provoqué la mort de deux citoyens et plus de 400 blessés. Un mouvement de colère trop longtemps contenu qui est parti sans crier gare. Le scénario peut se répéter à tout moment. En garante de la stabilité sociale, l’Ugta a un rôle de premier ordre à jouer pour éteindre l’incendie. C’est pour cela qu’elle fera du retour au crédit à la consommation, qui a permis aux salaires moyens d’avoir accès à des produits indispensables à la vie moderne (appareils électroménagers, voitures…), et de l’augmentation du salaire minimum pour donner un peu d’air aux revenus modestes ses deux principaux chevaux de bataille.
Des priorités parmi les propositions au nombre de 25 que mettra sur la table le secrétaire général de la Centrale syndicale (lire L’Expression du 12 janvier 2014). Selon certains échos qui nous sont parvenus, elles ont déjà fait l’unanimité de ses interlocuteurs (gouvernement et patronat). Sidi Saïd aura fini par s’inviter de manière salutaire presque par effraction à une présidentielle qui battait de l’aile. La prise en charge des préoccupations des Algériens va certainement arbitrer cette compétition et la rendre plus attractive. Une sorte de minimum syndical qu’il va falloir satisfaire.