Par
Emportés par la déferlante colère de la rue, les partis politiques tentent de surfer sur la vague.
Ils étaient en réunion deux jours avant le début des imposantes manifestations populaires. Une ultime rencontre pour choisir un candidat de consensus. La rencontre a été un échec total. Emportés, juste après, par la déferlante colère de la rue, ils tentent, depuis, de surfer sur la vague. Eux, ce sont des partis et des personnalités de l’opposition qui se sont retrouvés, hier, autour d’une table au siège d’El Adala. Ils demandent l’application de l’article 102 de la Constitution qui permet au Conseil constitutionnel de constater la vacance du pouvoir en raison de l’état d’empêchement du président de la République.
Réaffirmant leur refus au cinquième mandat du président-candidant, ils formulent la proposition d’un report de l’élection présidentielle et invitent le peuple à «maintenir sa mobilisation dans le calme et la sérénité». D’autres responsables de partis se sont également greffés à la contestation populaire. A l’exemple de Abderrezak Makri, le président du MSP et Ali Benflis, président de Talaie El Hourriyet. Les deux hommes politiques qui avaient annoncé leur intention de participer à la présidentielle du 18 avril prochain, ont vite fait de revoir leur copie en se retirant de la course.

Ali Benflis qui a affirmé, hier, que les propositions faites par le président de la République pour calmer les manifestants est «un nouveau défi inacceptable et une provocation supplémentaire inqualifiable», estime que l’élection présidentielle doit être reportée «elle n’a ni sens ni raison d’être. Maintenu, tel que conçu par les forces extraconstitutionnelles, le scrutin ne serait que la source d’un surcroît de tensions et un terreau pour tous les dérapages».
Louisa Hanoune, la secrétaire générale du PT, a aussi appelé au report de l’élection présidentielle de deux à trois mois et à la mise en place d’institutions provisoires accompagnant la période charnière et surtout l’organisation d’élections libres et transparentes. Elle estime qu’il s’agit là de «la solution la plus démocratique qui permet de donner, au peuple, du temps pour désigner ses délégués à l’Assemblée constituante». Mais force est de constater que l’ensemble de la classe politique est rejetée par la population. Cette dernière s’est auto-mobilisée pour exprimer sa colère et son rejet du 5ème mandat du président de la République.
Elle, qui devait normalement adhérer à un appel des partis politqiues, a été dans l’obligation de prendre son destin en main et d’initier cet élan historique. Elle ne permettra sûrement pas qu’il soit récupéré.
De ce fait, toute proposition émanant des partis ne sera probablement pas adoptée par le peuple qui, lui, est à la recherche de nouveaux visages pour le représenter et un nouveau discours qui portera ses aspirations.