La secrétaire générale du PT n’en démord pas. Elle persiste à accabler la ministre de la Culture et sollicite l’intervention diligente du chef de l’État pour mettre fin à ce qu’elle qualifie de dérive.
Au lendemain de la charge des députés de son parti contre la ministre de la Culture, Nadia Labidi, l’accusant de graves malversations, la porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, a lancé, hier, un appel en direction du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, effacé de la scène politique depuis de longs mois, pour intervenir et mettre un terme à ce qu’elle a qualifié de “déchéance qui menace tant l’État que ses institutions”. “Tous ceux qui ont des conflits d’intérêts doivent être virés du gouvernement.
Le Président doit intervenir rapidement au risque de voir l’État s’effondrer”, a affirmé hier Louisa Hanoune lors de son allocution à l’occasion de la réunion du bureau politique de son parti.
Mme Hanoune n’a pas lésiné sur les vocables pour qualifier le comportement de la ministre de la Culture accusée de siphonner de l’argent public via sa boîte de communication. Elle l’accuse aussi d’avoir envoyé des barbouzes chez elle pour lui remettre une lettre de menace après ses révélations qui ont fait les choux gras de la presse. “Elle agit comme si c’était une propriété privée. Elle se comporte comme une délinquante, une chef de bande”, affirme Louisa Hanoune. “Je n’ai aucun problème privé avec elle, mais c’est un comportement délinquant, une délinquance ministérielle. Elle m’a envoyé des gens à la maison, c’est une dérive jamais vue”, déplore Mme Hanoune qui dit avoir longtemps hésité avant de livrer à l’opinion le comportement de la ministre. “Je l’ai avertie depuis longtemps que si elle continuait avec les malversations, elle finirait en prison. J’étais gênée parce que c’est une femme et ça porte atteinte aux combats des femmes algériennes. Je l’ai avertie, le 1er novembre. Si je parle aujourd’hui, c’est parce que je ne veux pas être une complice”, assure l’ex-candidate à l’élection présidentielle qui révèle, au passage, que “les responsables de l’État sont au courant”. Selon elle, “Labidi est coupable d’une opération mafieuse”, en finançant un film de sa boîte et en lui donnant une nationalité tunisienne pour qu’il ne reste pas propriété de l’État algérien, comme l’exige la loi. “On va rendre publiques les preuves”, assure Louisa Hanoune. Dans cette entreprise de malversations, la porte-parole du PT accuse également de “complicité” le DG de l’ENTV et le ministre de la Communication puisque “l’Unique a un contrat avec la boîte de la ministre de la Culture qui lui vend une émission diffusée chaque vendredi”.
Autre cible de Louisa Hanoune : le ministre de la Santé qui aurait fourni le marché de l’importation des accélérateurs à un homme, entrepreneur dans les travaux publics, “qui n’a rien à voir avec la santé”. “Le secrétaire général du ministère a démissionné pour ne pas cautionner cette dérive”, selon Mme Hanoune qui appelle à l’ouverture d’une commission d’enquête.
“La justice dit s’autosaisir”, dit-elle. Histoire de lever les équivoques sur le combat qu’elle mène, Mme Hanoune soutient que son parti “s’est engagé depuis des mois dans un combat décisif contre les passe-droits d’une oligarchie privilégiée”. “Le PT ne tolérera jamais ce genre de dérapages. Le secteur privé se fait de l’argent en servant la production nationale. L’oligarchie, elle, tend à asservir tout le monde et accaparer les secteurs particulièrement porteurs”, dit-elle, ajoutant que “l’oligarchie n’investit pas ses propres fonds mais compte sur ses relations privilégiées au sein des institutions de l’État pour détourner les fonds publics et piller le foncier”. “Cette gangrène qui menace l’État doit être stoppée”, conclut-elle.
K.K.