En attendant que le pôle du changement (coordination des partis pour le changement) coordonnée par Ali Benflis tranche sur la question au milieu de cette semaine, les autres regroupements et partis dits de l’opposition ont décidé de ne pas prendre part aux consultations sur la révision de la constitution.
Les raisons de ce refus sont multiples et contradictoires. Certains estiment que le pouvoir a fait siennes les propositions de l’opposition et veut en revendiquer la paternité pour mieux diluer les exigences de l’autre partie. D’autres pensent que la confiance entre le pouvoir et la classe politique est définitivement rompue et que les tenants des destinées du pays sont incapables de tenir leurs engagements. Ils en veulent pour preuve les consultations menées en 2011 par Abdelkader Bensalah, assisté de du général Mohamed Touati et Boughazi, conseillers du président de la République.
Pour une autre partie de cette opposition, c’est la personne d’Ouyahia qui est remise en cause. « L’homme des sales besognes », selon le sobriquet qu’il s’est lui-même attribué, est très contesté par la coordination pour les libertés et la transition démocratique. D’abord parce qu’il est, tout comme Abdelkader Bensalah issu du Rassemblement national démocratique, mais aussi du fait qu’il a dirigé l’Exécutif pendant plusieurs années. C’est à se demander si certaines composantes de la coordination à l’image du MSP, ne craignent pas que l’ex-patron du RND ne leur ressort pas le fait qu’ils sont passé maîtres dans la critique du pouvoir alors qu’ils ont, pendant près de vingt ans, composé avec lui ou plutôt gouverné avec lui. Et par conséquent, ils se doivent d’assumer leur passif.
Par ailleurs, il faut se poser la question de savoir en quoi les propositions contenues dans le projet de la commission Kardoune gêneraient la coordination ou encore le FFS, dès lors qu’ils sont d’accord sur des dispositions relatives à l’ouverture vers plus de démocratie, l’élargissement des prérogatives du parlement, la possibilité de la saisine du conseil constitutionnel par les groupes parlementaires, pour ne citer que ces exemples, au demeurant révélés il y a quelques semaines par Abdelmalek Sellal. A charge pour les vis-à-vis d’en faire d’autres, visantau renforcement de la démocratie et des libertés, voire même discuter du système politique qu’ils veulent voir instaurer dans le pays.
Certes, l’opposition, pas dans sa totalité, conteste la légitimité du pouvoir ou comme elle le laisse entendre la légitimité du président de la République. Mais il se trouve que les élections sont passées et le conseil constitutionnel en a proclamé les résultats. Ce pouvoir reste donc l’interlocuteur par excellence de l’opposition, comme cela se passe dans tous les pays du monde. En fait, l’opposition se contredit. D’une part, elle refuse de répondre à l’invitation pour les consultations « avec le pouvoir » et d’autre part annonce que la conférence nationale qu’elle compte organiser dans quelques jours sortira avec des propositions concrètes à soumettre à ce même pouvoir avec lequel elle les négociera.
D’où la question que se posent nombre d’observateurs de la scène politique à savoir si cette opposition ne voudrait pas impliquer l’institution militaire dans ses négociations, estimant qu’elle est « le pouvoir réel ». Auquel cas, pourquoi elle ne le dit pas clairement ?
Faouzia Ababsa