Avant-hier, vers 16h, des jeunes des deux communautés se sont de nouveau livré bataille à coups de pierres à Bouhraoua. Cause de l’affrontement : un terrain convoité par les deux clans.
La situation à Ghardaïa reste encore volatile deux jours après la visite du Premier ministre, parti en pompier éteindre le feu de la fitna communautaire. Avant-hier, vers 16h, des jeunes se sont de nouveau affrontés à coups de pierres à Bouhraoua, sur les hauteurs de la ville de Ghardaïa.
Cause de cette nouvelle bataille rangée sur les bords de la RN1 : un terrain convoité qui a été le théâtre de violents heurts entre des jeunes arabes des quartiers de Hadj Messaoud et Mermed, d’une part, et des jeunes Mozabites de Ghardaïa et de Mélika, d’autre part, les deux revendiquant la propriété du terrain. L’intervention en force des brigades antiémeutes de la Gendarmerie nationale a contraint les deux clans antagoniques à se fondre dans la nature.
Des témoins qui vivent et travaillent à proximité de Bouhraoua, témoins des scènes d’affrontement, affirment qu’il s’agit d’un scénario monté de toutes pièces par des jeunes qui sont venus ensemble dans les mêmes voitures. “Je les ai vus arriver en véhicules dans un long cortège qui s’est immobilisé en bordure de la route. Je croyais que c’était un cortège de mariage ou autre. Ils étaient plus de deux cents à descendre des voitures. Puis, ils se sont scindés en deux groupes. Le premier groupe était habillé de tenues traditionnelles et le second de tenues normales, à l’européenne, mais soit encagoulés, soit le visage enturbanné. Il y avait deux personnes qui avaient des caméscopes et qui filmaient la scène. Les deux groupes se sont placés des deux côtés de la routes face à face et commençaient à se lancer des pierres, mais en faisant attention à ce que celles-ci chutent loin de leurs soi-disant ennemis”, raconte un témoin.
Et le comble de cette mise en scène, selon lui, c’est qu’“ils criaient et appelaient au djihad pendant que les caméras tournaient”. Quelques automobilistes de passage pris de panique ont appelé le numéro vert. “La gendarmerie s’est très rapidement rendue sur les lieux. Et c’est apparemment ce qu’ils cherchaient, car l’un des cameramans continuait à tourner lorsque les gendarmes ont chargé pour disperser les faux ennemis”, résume encore ce témoin.
Puis, sur le ton de celui qui est convaincu de la supercherie, il ajoute : “D’ailleurs, dans tout cela, avec deux cents personnes qui s’affrontaient sur un terrain nu avec des pierres, il n’y a pas eu un seul blessé.” Les autorités sont appelées à tirer au clair cette affaire qui, si elle se confirme, serait la preuve que des cercles occultes manœuvrent dans l’ombre pour rallumer le brasier. Même une journée comme celle du Mawlid Ennabaoui Echarif, avec toute la charge religieuse qu’elle symbolise aux yeux du monde musulman, est mise à profit par les pyromanes pour tenter de précipiter la région dans de nouveaux drames.
Avant de quitter les lieux, nous avons constaté que de nouveaux renforts de gendarmes arrivaient sur les lieux pour parer à une nouvelle escalade de violence.
L. K