Depuis le début de l’année en cours, l’Algérie fait face au risque d’une inflation incontrôlable. Ainsi, après plusieurs années durant lesquelles elle a été contenue autour de 4%, elle semble devoir de nouveau exploser depuis de début de 2012.
En mai, le taux d’inflation s’est élevé à 6.9 pour cent, après avoir déjà connu une augmentation à 6.4 % en avril et voilà qu’elle a atteint les 7.5% en juillet dernier. Une situation qui pèsera lourd sur l’économie algérienne et probablement sur la politique sociale, notamment les augmentations salariales. D’ailleurs, en mars dernier, le ministre des Finances, Karim Djoudi était formel : «L’augmentation des salaires pèserait sur l’inflation». A ce propos, il avait déclaré que faute de mesures prises par les pouvoirs publics, les prix des produits alimentaires seraient supérieurs à ceux pratiqués sur le marché. «Les revenus ont augmenté, la consommation augmente automatiquement», a-t-il précisé. En juillet dernier, il avait insisté sur une gestion prudentielle des dépenses publiques, avancée par le gouvernement comme une nécessité pour faire face aux répercussions budgétaires de la baisse des prix du pétrole, exclut toute réduction de salaires, de transferts sociaux et de soutien des prix. «Je peux vous assurer que la dépense salariale, les transferts sociaux et les soutiens des prix ne seront pas touchés», a indiqué le ministre à la Radio nationale. Le gouvernement n’arrive plus à maîtriser l’inflation, car celle-ci s’oriente vers une stabilisation à un niveau élevé en Algérie. Pour le quatrième mois consécutif, le taux d’inflation s’est établi à plus de 7%, dépassant de loin les prévisions les plus pessimistes du FMI élaborées en 2011. Le budget de l’Etat pour 2012 consacre 2 850 milliards de DA (mds DA- environ 39 milliards de dollars) pour les salaires du personnel, plus de 1 300 mds de DA pour les transferts sociaux et près de 200 mds de DA pour les subventions des produits de base : lait, céréales, sucre et huiles alimentaires. Estimées à plus de 4 600 mds de DA, les dotations allouées au budget de fonctionnement auront doublé depuis 2008 où elles n’étaient que de 2 363,2 mds de DA (LFC 2008). La loi de finances complémentaire pour 2012, qui prévoit ainsi des dépenses totales de
7 428 mds DA et un déficit budgétaire équivalent à 25,4% du PIB, avait consacré une enveloppe budgétaire supplémentaire de 317 milliards de DA pour prendre en charge les augmentations salariales de 2011.
M. Djoudi avait imputé à ces augmentations la montée de l’inflation, qui a atteint un pic de 6,9% à fin mai 2012. Il est à rappeler que le taux d’inflation augmente de manière régulière depuis le début de l’année 2012. Il s’est ainsi établi à 4.9% en janvier, 5.3% en février et 5.9% en mars, pour dépasser le cap des six pour cent depuis avril et 7.5% en juillet dernier contre 7,3% en juin dernier selon l’Office national des statistiques. Durant toute l’année 2011, l’inflation avait été contenue à 4.5%, malgré d’importantes hausses des salaires consenties par le gouvernement pour assurer une paix sociale suite aux émeutes d’huile et de sucre qu’a connues la capitale et d’autres wilayas du pays le 5 janvier 2011 dans un contexte régional particulier marqué par le début du «printemps arabe». Selon les statistiques de l’ONS, l’indice des prix à la consommation a enregistré une hausse de 8,20% en juillet 2012 par rapport à la même période de l’année dernière, une hausse tirée essentiellement par l’augmentation de 18% des produits agricoles frais. Selon la même source, les produits alimentaires en général ont augmenté de près de 10,7% avec 18,1% pour les produits agricoles frais et 4,6% pour les produits alimentaires industriels.
Dans un rapport publié en 2011 sur les perspectives de l’économie algérienne pour 2012, le FMI avait alerté les autorités algériennes sur les risques d’inflation, tout en restant très prudent sur ses prévisions. Après des taux inférieurs à quatre pour cent en 2010, le FMI redoutait un taux de 4.3 pour cent en 2012, qu’il considérait comme risqué.
Par Nacera Chennafi
